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Humeur

  • Une découverte étonnante

    Le Figaro nous l'apprend : L'alcool à l'écran nous incite à boire.

    Ils s'y sont mis à deux équipes : des chercheurs hollandais et des chercheurs canadiens. Prenons quatre groupes d'étudiants (pourquoi des étudiants ?) et soumettons-les à différentes projections.

    Deux groupes regardent un fim au cours duquel les acteurs boivent à dix-huit reprises de l'alcool. L'un des deux groupes aura droit, en plus, à une coupure publicitaire pour une boisson alcoolisée.

    Les deux autres groupes regardent un autre film, pendant lequel on ne boit que trois fois. De la même manière, l'un des groupes aura la coupure publicitaire.

    Devinez les résultats : c'est évidemment le groupe, qui regarde le film buveur et la publicité, qui consomme le plus de boisson alcoolisée mis à disposition dans le frigo. Etonnant, non :

    «Notre étude montre clairement que les films et les publicités ont un effet incitatif sur les comportements de consommation d'alcool dans la société, pour les non-dépendants mais aussi pour les alcooliques, estime Rutger Engels, auteur principal de l'article et ­professeur de psychopathologie à l'université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas. Cela pourrait impliquer qu'en regardant une publicité pour une marque de bière donnée, vous allez plus souvent acheter cette marque ensuite au supermarché.»

    Eh oui !! la publicité nous influence. Quelle découverte, bravo professeur !! Le professeur Engels devrait compléter son étude en étudiant les effets d'un film fumeur sur la consommation de tabac, ou d'un film érotique sur l'excitation des spectateurs. Sans oublier si la vision d'un documentaire sur la vie paradisiaque (??) à Tahiti, projetée pendant ce mois de février maussade, ne nous fait pas rêver à un ciel un peu plus riant. N'oublions pas les enquêtes sur la vie des "people" - amour, argent, gloire et beauté - qui parfois nous rendent envieux. Faisons un autre test : projetons la série des films Taxi (1, 2 , 3, 4), et vérifions l'effet sur le mode de conduite de nos étudiants (mais pourquoi des étudiants ?). Je parie que tous les radars de la République vont chauffer au rouge.

    Il faut donc agir : après avoir supprimer la cigarette de Lucky Luke, arracher la clope du bec de Jean-Paul Sartre (c'est fait : post mortem), la bague de Rachida Dati (on l'a fait : à la une du Figaro) il faut interdire le whisky au capitaine Haddock, couper toutes les séquences d'ivresse dans "Un singe en hiver" (avec Gabin et Belmondo), flouter "La traversée de Paris" pour cause de transport de cochonaille, et donc de cholestérol (encore Gabin). En fait il faut retirer de la circulation tous les fims de Gabin, Bogart et consorts. Il faut interdire tous les spectacles, ils représentent la vie, et la vie est dangereuse, la vie est une maladie sexuellement transmissible constamment mortelle.

    Tout ça fait penser à cette petite histoire. Aux USA, un mineur (encore un étudiant peut-être) arrive dans un supermarché : "Je voudrais un revolver et cinq boîtes de cartouches, et puis un paquet de cigarettes". Et le vendeur répond : "Tes parents ne t'ont pas dit que c'est dangereux de fumer ?"

  • Réunion de service à la société Potemkine

    9h-12h : Réunion de service chez Potemkine Inc (une entreprise pas si imaginaire que ça). A l'ordre du jour :

    • Les chiffres du trimestre : le réalisé par rapport aux objectifs
    • Processus d'avant-vente : une suite d'acronymes réservés aux initiés
    • Le nouvel outil de P&L : Calcul de marges sur les affaires
    • Questions diverses

    A la fin de la réunion, le manager fait passer une feuille sous la forme d'un tableau donnant des numéros de question, avec les réponses à donner à ces questions. Il commente :

    "Vous avez tous reçu un mail pour cette formation obligatoire sur la nouvelle stratégie de Potemkine. Il faut une journée pour suivre la formation, et 2 heures pour répondre au test obligatoire qui suit la formation. Comme on n'a pas de temps à perdre avec ça, j'ai demandé à Jean de s'y coller, et de fournir les bonnes réponses à toute l'équipe. Elles sont sur la feuille ; à vous de jouer. L'important est que la France ait un bon taux de participation et de bonnes réponses à ce test. Comme ça on aura de bons chiffres et ils nous foutront la paix. Moi, on me demande de faire du décor, je fais du décor".

    Quelques jours plus tard, lors d'un entretien "one to one", le manager demande à un des membres de l'équipe :

    - Qu'as-tu pensé de notre dernière réunion ?

    - Eh bien, Potemkine vend des solutions informatiques à des clients et on a passé une réunion entière à parler de nos chiffres, de nos processus internes et de nos problèmes de boutique. Rien sur ce que l'on vend, ou un exemple de projet client.

    - C'est vrai, mais j'avais prévu que Marina nous parle de son projet NITI (New Information Technology Infrastructure). Malheureusement, on n'a pas eu le temps.

    - Effectivement, on n'a pas eu le temps. On a pris 3 heures à gérer nos processus et à se regarder le nombril. Du coup, on n'a plus le temps pour parler de nos clients. Trois heures à se regarder fonctionner ; plus de temps pour s'occuper du client : c'est caractéristique d'une entreprise qui est en train de mourir.

    - J'accepte ta remarque. Mais c'était une demande de l'équipe de faire le point sur nos processus internes. On nous demande tellement de reporting qu'il faut s'arranger pour qu'on puisse avoir de bons chiffres.

    - ....

    N.D.L.R. : Potemkine, favori, amant et ministre de la grande Catherine de Russie aurait fait fabriquer des villages en décor de carton-pâte pour faire croire à la Tsarine que la Crimée nouvellement conquise était riante et prospère. Le nom de "village Potemkine" est resté pour désigner ces opérations de propagande où un décor factice masque une réalité non conforme aux rapports officiels.

  • Nos résolutions

    C'est tellement facile de tenir ses résolutions. Il suffit de bien choisir ses objectifs et de s'y tenir. Un autre René (Descartes) avait déjà remarqué qu'il nous faut :

    "une volonté ferme et constante d'exécuter tout ce que nous jugerons être le meilleur et d'employer toute la force de notre entendement à en bien juger [..]  C'est de cela seul que résulte toujours le plus grand et le plus solide contentement de la vie. Ainsi j'estime que c'est en cela que consiste le souverain bien."

    Chacun peut constater combien il est facile d'atteindre ses objectifs quand ils sont bien fixés. Tout semble alors se plier à notre volonté. Un par un les obstacles disparaissent ; on se sent invincible. Si vous êtes comme moi, tout ce que vous avez vraiment réalisé dans votre vie a été obtenu sans grand effort, au prix d'une volonté sereine et assurée d'atteindre son objectif.

    Et pourtant, nous ne tenons pas nos résolutions, nous ne nous fixons pas vraiment d'objectifs, et on a tendance à se laisser aller au hasard des circonstances. C'est, que si la méthode est invincible, le résultat est toujours décevant. Non que l'on n'atteigne pas l'objectif fixé. On l'atteint bien, mais cette satisfaction du devoir accompli ne s'accompagne de rien de plus. Pas de bonheur particulier, de clé pour une vie bonne ou le "souverain bien". Si vous pensez atteindre un état mental particulier  - et supérieur bien sûr - en suivant ces recommandations, vous être bons pour la première secte qui passe à votre portée.

    On n'est pas plus heureux d'avoir accompli son devoir. On n'est pas spécialement malheureux dans la lâcheté du laisser aller. Et ils sont tellement énervants, tellement chiants ces gens qui réussissent tout ce qu'ils entreprennent, qui ne comprennent pas pourquoi tout le monde n'y aboutit pas. Car en effet, on l'a déjà dit, on l'a déjà expérimenté, c'est très facile.

    Mais on préfère souvent la chaleur du troupeau qui se laisse guider, à l'austérité non récompensée de ceux qui se prennent en main.

    Il n'y a rien à gagner à tenir ses résolutions, rien à perdre non plus. Mais au passage on aura peut-être été utile à soi-même ou aux autres.

    Bonne année 2009 à tous et spécialement à Catherine de Planetargonautes aussi talentueuse qu'adorable et fidèle

  • Le homard impromptu de Versailles

    Il faut attendre la fin de ce débat entre Philippe Tesson et Jean-Jacques Aillagon (Président du domaine national de Versailles) pour entendre un argument de poids en faveur de cette exposition Jeff Koons. C'est Jean-Jacques Aillagon qui défend son idée :

    "J'observe souvent dans les musées, pas seulement à Versailles,  les visiteurs, et je suis souvent frappé par leur très grande inattention. Ils ne regardent pas vraiment les oeuvres et les décors qui les entourent. Et je pense que la présence d'un objet atypique dans le circuit d'un musée et dans le circuit d'un monument, c'est une invitation à mieux regarder le monument"

    On ne regarde pas assez, c'est vrai. On visite Versailles au pas de course en deux heures, sans avoir le temps ni la patience, souvent, de déchiffrer ce qui se montre là. C'est un art déjà ancien qu'il faut dévoiler.

    34cb248175ca9ce9cd5026475c5ad2ce.jpgOn n'en dira pas autant de cet énorme objet, immanquable. Ce homard géant s'impose tellement que l'on ne voit que lui. Vous ne voulez pas de l'art contemporain, semble-t-il nous dire. Eh bien, je me pose là, devant vous, et vous serez bien obligé de me regarder. Baudruche boursouflée qui obstrue ce salon de Mars : ce n'est pas un dialogue entre deux époques auquel nous sommes invités, c'est notre siècle qui exhibe son impuissance à séduire.

    Non pas que, sur le principe, l'art contemporain n'ait pas sa place à Versailles. Jean-Jacques Aillagon a raison de le souligner. Versailles a bougé entre le pavillon de Louis XIII, puis le palais de Louis XIV et les travaux de Louis-Philippe. Il n'est donc pas scandaleux que Versailles soit aussi de notre époque et pas seulement une image figée du passé.

    On rêve d'un art plus modeste dans ses dimensions et qui sache se faire aimer sans la violence de son obésité. On rêve d'un homard, ou de tout autre objet dont la modernité se découvre  par surprise. Posé sur une cheminée à côté d'objets d'une époque plus ancienne, on ne le remarquerait tout d'abord pas. Et ce serait alors la découverte d'une amitié entre les siècles. Comme Montaigne dialoguant avec Lucrèce et la Renaissance avec l'Antiquité, ce pourrait être la reconnaissance d'une parenté à travers les siècles, et non ce tintamarre visuel qui couvre la voix des anciens.

    Depuis que Duchamp exposa son urinoire en déclarant : c'est de l'Art, en 1917 ! Ca fait maintenant plus de 90 ans que l'Art s'interroge sur lui-même. De cette remise en cause, il n'est toujours pas sorti, et de cette interrogation génialement provocante à l'époque, le homard de Jeff Koons n'est que le sempiternel pastiche. Cette exposition de Versailles démontre cruellement que nous en sommes toujours aux interrogations, pas encore à l'heure de la création.

  • Je repasse mon Bacc

    Sujet de Bacc philo : Peut-on désirer sans souffrir ?

    Je m'apprêtais à tenter l'exercice ; peut-être le présenterai-je bientôt au jury blogosphérique.

    Et puis la rêverie du bachelier solitaire me fit rappeler le seul vers de Corneille qu'on n'oublie jamais. Le désir en est le sujet du premier vers dont les trois suivants feront ma dissertation d'aujourd'hui.

    Et le désir s'accroît quand l'effet se recule
    Son mol instrument l'est tant qu'il est minuscule
    Se dresse rectiligne à percer les rondeurs
    Le court instant de sa véritable grandeur

     

  • Générateur de couvertures Sarkozy

        Ce fut un moment futile comme on les aime. Surtout au début, avant que tout le monde s'y mette et que ça devienne pesant. Vous vous souvenez des couvertures de Martine ? Comme celle-ci par exemple :

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    ou chez Xavier de Mazeond qui s'était laissé tenter par l'exercice.

    Le site a fermé pour des raisons obscures, alors qu'il générait une publicité gratuite et plutôt sympathique pour le personnage de Martine. Mais il paraît que le code source est toujours disponible (de toutes façons il ne doit pas être bien compliqué) et surtout l'idée ne peut pas être fermée, elle.

    C'est l'article de Marianne, assez drôle d'ailleurs, qui me donne l'idée que l'on pourrait faire renaître un générateur de couverture, mais pour Nicolas Sarkozy cette fois-ci.

    "Selon l'OJD, les 252 couvertures qui ont été consacrées à Sarkozy ont fait vendre 110 millions de magazines en 2007.(..)  600 000 exemplaires écoulés dont 200 000 en kiosque"  pour la première interview de Carla Bruni dans l'Express.

    Malgré sa baisse dans les sondages, Sarkozy fait toujours vendre. On s'interroge maintenant sur ses rapports avec les femmes, avec les psys. Mais on risque bientôt d'être à court d'idées.

    Marianne propose déjà une future couverture : Sarkozy et les macarons :

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    Il faut industrialiser tout ça, que tout le monde s'y mette dans un esprit très Web 2.0. Bref, il faut libérer le code du générateur Martine pour en faire un générateur de couverture Sarkozy, qui pourra déjà nous en révéler des facette encore inconnues, en commençant par ses six cerveaux qu'on vient de lui découvrir.

    Espérons pour Carla que tout ça ne finira pas par un "Sarkozy : Carla c'est fini. Martine mon nouvel amour"

  • Orthographe du nénufar

    Je lis dans l'Express de cette semaine que la communauté lusophone vient de se mettre d'accord pour une réforme du portugais. Humido devient umido, optimo devient otimo et auto-estrada autoestrada. Ce sont quelques réformes qui harmonisent les orthographes et consacrent l' usage. Elles consacrent surtout l'usage brésilien et ses  200 millions de locuteurs contre un peu plus de 10 millions au Portugal.

    En lisant cela, je m'apprêtais à rédiger une diatribe bien sentie contre une académie française, gardienne sourcilleuse d'un Français congelé depuis des siècles. Je m'apprêtais aussi à comparer avec le Portugais, qui jouit d'une ancienne colonie dont la puissance lui permet d'imposer sa vitalité linguistique aux crispations de sa vieille terre natale.

    Et je m'apprêtais donc à regretter que le français se fixe encore sur les quais de Seine au lieu de s'aérer au bord du Saint-Laurent. Mais il n'en est rien, et ce n'est pas cette vénérable institution que l'on pourra accuser de notre immobilisme.

    Car l'attachement des français à  certaines bizarreries de leur orthographe a quelque chose de pathologique. Sous prétexte d'étymologie, ou de raisons historiques parfois obscures et souvent fantaisistes, beaucoup restent attachés aux nombreuses exceptions et absurdités que rien ne justifie ; source d'échec scolaire et barrière à l'apprentissage du français par les étrangers.

    Doit-on tous les citer :

    • L'é sur sur la deuxième syllabe de événement du à un erreur de typographie
    • Le nénufar, mot d'origine arabe, doit s'écrire avec un f et non ph comme s'il était grec
    • Le chariot avec un r et la charrette avec deux
    • On n'oubliera pas les deux cuisseaux du veau qui se transforment en cuissots pour un chevreuil sans que ni l'un ni l'autre n'y soit pour rien ni cuisiné différemment

    Il y en a beaucoup d'autres que l'on pourra consulter sur le site de l'académie (un seul c) française qui recense ces anomalies et propose la nouvelle orthographe. Car cette orthographe existe depuis que Michel Rocard en 1990 avait demandé  qu'on la révisât. Cette orthographe est proposée, nullement imposée, depuis 18 ans. Cette réforme ne propose que la suppression d'exceptions non justifiées, la rectification d’anomalies  qui ne doivent rien à l’étymologie (chariot-charriot,imbécillité- imbécilité, etc.). Elle ne change rien aux règles liées à la grammaire. Pourtant, elle ne s'est pas imposée par l'usage et surtout elle n'est pas enseignée. On continue en 2008 de forcer les enfants à apprendre des règles qui n'en sont plus depuis 18 ans. On leur fait perdre un temps précieux à retenir des listes d'exception qui polluent la langue, sans l'orner du charme d'une tradition qui n'intéresse plus que quelques érudits. L'effort est tel que les adultes qui y parviennent voient dans ces scories le signe de la réussite scolaire et donc sociale. La sélection par l'échec commence déjà là, par la maîtrise d'un code qui doit tout au maintien des castes savantes et rien à la volonté de faciliter l'accession à une langue purifiée.

    Répétons le, cette orthographe est correcte d'un point de vue des autorités compétentes. Elle est surtout plus élégante, et elle facilite l'accès et la compréhension du Français. Il ne tient qu'à nous de l'utiliser pour qu'enfin les mentalités bougent, et l'on pourra vérifier dans ce mini-guide d'utilisation qu'il ne s'agit évidemment pas d'écriture phonétique ni d'un langage SMS qui est proposé. Que chacun s'en fasse une idée.

    Il semble que les mentalités évoluent :

    A partir de maintenant, j'écrirai donc avec cette orthographe rectifiée. Je parie que peu verront la différence, mais peut-être ferai-je moins de fautes.

  • Attali pète les plombs

        Depuis qu'il a fait sa grosse commission, Jacques Attali ne se retient plus. Son cervolcan crépite et bouillonne à plein gaz. Sa dernière émanation est un FART . Ce FART est un nouvel ensemble formé de la France, l'Allemagne, la Russie et la Turquie. Par rapport à l'Union Européenne, il n'est ni dedans, ni dehors. Peut-être derrière..

    France, Allemagne, Russie, Turquie pour un nouveau bouquet. Tous les trois, nos anciens ennemis, nous affirme-t-il. Mais notre visionnaire connaît mieux l'avenir que son Histoire. Il a du oublié nos relations avec la Sublime Porte depuis François 1er au moins, et l'alliance russe toujours recherchée quand notre diplomatie est intelligente. O Delcassé !

    Le FART est sensé équilibrer les puissances montantes comme la Chine, l'Inde et même l'Afrique. On ignorait jusqu'alors que l'Afrique était une puissance unifiée, ayant atteint le milliard d'habitants. 

    Jacques Attali voit loin, mais ça fait beaucoup de pétards mouillés lancés aux peuples qui mettront mille ans, dit-il avant de digérer l'entrée de la Turquie.

    Attali voit le FART en facteur de paix tôt manié par son cerveau fécond. Mais pourquoi le FART dans cet ordre Jacques ? Avec le FRAT, tu lancerais une ode heureusement mieux inspirée, pour nos amis anglo-saxons. L'excellent chroniqueur Arthur Goldhammer n'a pas manqué de renifler derrière ce FART certaines effluves nauséabondes que tout anglophone repère plus naturellement que nous.

    Une usine à gaz à lui tout seul, commente Arthur.

    Et quand en plus elle ne produit que du vent..

  • Pauline au Buffalo Grill

    "Bonjour, je m'appelle Pauline, pour votre service"

    En déplacement client, les soirées sont souvent moroses. Je n'ai pas le goût de rechercher  le bon petit restaurant. D'ailleurs, dîner seul est une corvée, qu'il faut bien remplir dans une fonction purement métabolique. Pour ça, rien ne vaut les chaînes de restaurant. C'est toujours pareil, on a son nombre de calories, et surtout on n'attend pas. Rien de pire que ces restaurants à la française où, une fois installé, les serveurs passent et repassent devant vous en faisant mine de ne pas vous voir. Au Buffalo, à peine assis, on vous amène une carafe d'eau et un bol de salade.

    Pauline a les jambes trop maigres pour la petite jupe du Buffalo Grill. Elle a un vrai sourire et rien de commercial ni d'automatique dans ses paroles. Comme je réponds "Bonjour Pauline, je suis content que ce soit vous", elle se crispe tout de suite.

    Pauline est serveuse au Buffalo Grill. Elle est trop maigre et le sourire se fatigue quand on l'appelle ainsi par son prénom. Trop de compliments vulgaires ne laissent pas de place au simple plaisir du remerciement. De toutes façons, Pauline n'a pas le temps de s'attarder à une table. La tenancière surveille. On la reconnait à ce qu'elle n'a pas l'uniforme. Car toutes ont ce chemisier rouge et cette courte jupe. Et toutes ne sont pas jolies comme Pauline, et toutes n'ont pas que des compliments.

    Quant à moi, je cherche à croiser son regard à nouveau, essayant d'y faire passer un sourire qui ne soit que cela. Un sourire sans objet, ni pitié, ni moquerie ni désir et qui soit purement gratuit. Ca me semble facile et je n'ai rien à déguiser ; c'est exactement ce que je ressens et ce que je veux dire à Pauline. Elle, méfiante, détourne les yeux pour ne pas croiser les miens qui la suivent trop pour qu'elle n'en sente pas l'appel.

    Mais il n'y aura rien de gratuit ce soir au Buffalo Grill de Chenove, aux abords de Dijon, et Pauline s'arrangera même pour ne pas avoir à présenter la note. Je paie.

  • Quand Bobo-Psy commente l'affaire Fritzl

     

    C'est dans Le Point et chez Karim Sarroub que l'inénarrable Jacques-Alain Miller, héritier du non moins inénarrable de Jacques Lacan, livre son analyse sur l'abominable affaire Fritzl.

    Extraits de la péroraison de Diafoirus Miller:

    "Le Point : Qu’est-ce qui peut conduire un individu à un tel degré de perversion ?
    Jacques-Alain Miller : Une bonne éducation, à l’ancienne, de hautes vertus morales... Je m’explique. Par quels traits Das Inzest-Monster, comme l’appellent les Autrichiens, restera- t-il dans les annales cliniques et policières ? Vous pensez bien qu’il ne le devra pas au seul fait de l’inceste, pratique fort répandue, ni non plus au nombre de ses victimes. S’il est exceptionnel, c’est par la ténacité, la constance, l’endurance. Ce qui sort de l’ordinaire, c’est la régularité invariable d’un acte immonde, la méthode, la minutie et l’esprit de sérieux investis dans l’accomplissement solitaire d’un forfait unique s’étendant sur un quart de siècle. Pas une erreur, pas un faux pas, pas un acte manqué. Total quality. Ce sont là autant de qualités éminentes traditionnellement attribuées au caractère germanique. Mises au service de la science et de l’industrie, elles ont fait la réputation des pays de langue allemande. D’ailleurs, c’était un ingénieur en électricité, et il disait à sa femme qu’il descendait dans sa cave pour dessiner des plans de machines.
    Si Gilles de Rais en France, Erzsebeth Bathory en Hongrie, grands féodaux des XVe et XVIe siècles, restent dans les mémoires, c’est au contraire pour le désordre de leur conduite, leurs viols et assassinats innombrables. L’Autrichien, petit notable provincial, lui aussi est un tyran, mais purement domestique. Il mène une existence parfaitement « popote », mais dédoublée. Il est fidèle à sa fille Elizabeth, unique objet de sa jouissance, dont il fait en quelque sorte une seconde épouse. Il lui donne sept enfants, le même nombre qu’à son épouse légitime. Il semble que l’on ne puisse lui reprocher ni avortement ni contraception : c’est un bon catholique. Il opère dans la plus grande discrétion, sa conduite n’est l’occasion d’aucun scandale, d’autant que cette seconde famille, il la fait vivre sous terre, dans des cagibis aveugles où l’on ne peut se tenir debout, à la Louis XI."

    Comme l'affaire de Bruay en Artois en son temps, comme Marguerite Duras en extase ( coupable , forcément coupable ) à l'époque de l'affaire Grégory, le bobolandais psy se doit de délivrer sa vision.

    Vie bourgeoise, éducation catholique, rigueur allemande : Kinder, Küche, Kirche sont les trois mamelles de l'abomination pour ne pas dire du nazisme. "La maison natale de Hitler est à une heure et demie d’Amstetten par la route, Mauthausen plus proche encore"  remarque encore le pontife. On n'échappera pas non plus au fameux "père sévère" dans l'ignominie.

    La psychanalalyse, qui garde son intérêt théorique, se meure des Trissotins qui l'incarnent. A force de haine d'une vie bourgeoise dont ils partagent en rougissant les avantages matériels, ils finissent par y voir la racine de pulsions qu'ils dominent par leur savoir quand d'autres y succomberaient de leur aliénation.

    De Hitler lui-même, et Beria, en passant par Dutroux jusqu'à Fourniret, il ne manque pas d'exemples de vie de bohême associée à l'ignoble. On en trouvera autant derrière l'apparence d'une vie bien rangée, chez Goebbels jusquà ce Fritzl. Le Mal ne se laisse pas réduire à un mode de vie.

  • Ecrire ou maniper, il faut choisir

    Mes charmants collègues soldent leurs jours de congé. Eux.

    Du coup me voilà le seul disponible pour faire des manipes techniques chez un client :

    • Recopier une instance SAP sur un nouveau serveur
    • A partir de cette copie, exécuter un "upgrade" Oracle9 vers Oracle10g
    • Enfin exécuter un autre upgrade de la version SAP d'origine (4.6C) vers ECC6

    Tout ce jargon ne passionnera pas mes lecteurs habituels qui n'ont qu'un faible aperçu de mes activités professionnelles. Normalement, je ne fais plus ce type d'intervention exclusivement technique, ayant maintenant un rôle d'avant-vente et de direction de projet lors de la phase de "delivery". Mais voilà, il me reste encore quelques compétences qui m'ont fait accepter cette mission.

    J'avais oublié à quel point ces procédures sont ardues et surtout extrêmement minutieuses. 

    Difficile dans ces conditions de prendre un peu de temps pour suivre les blogs et alimenter le sien.

    Je serais sans doute un peu moins actif dans les jours à venir.

  • Ah, quel beau bordel !

     

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    Malgré ce dispositif abracadabrantesque ce fut un vrai bordel. La flamme qui s'éteint, les relais ne se font pas, panique chez les flics. On imagine les ordres et contre-ordres, les coups de téléphone paniqués, l'ambassadeur de Chine en apoplexie, Alliot-Marie qui se cache, Sarkozy qui se terre.

    Le bide monumental, un gigantesque fiasco, un cauchemar de flic, j'en trépigne de joie en regardant les "Marx Brothers à Olympie", "Maciste perd la flamme", "Mr Bean est médaille d'or".

    32 cars de CRS, 160 hommes, la flamme encadrée par des policiers en rollers ! des pompiers joggers ! Pompier, que dire de mieux ? Tout est en toc dans ce cérémonial grotesque qui commence à Olympie avec de fausses prêtresses sorties d'un film de Cecil B. DeMille. Car a qui doit-on cette course de la flamme qui symbolise la fraternité entre les peuples ? A ce bon Docteur Goebbels en personne pour les JO de Berlin en 1936.

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    C'est dire que de voir tomber le décor dans un ridicule aussi complet a de de quoi réjouir. On ne pouvait mieux célébrer la mort de Charlton Heston, cet acteur de peplum qui finit en représentant de marchands d'armes. Du peplum il y en a, on ne lésine pas sur le carton pâte, les sonneries de trompette, les serments pompeux que l'on scande à grand coup sur une poitrine d'airain. L'homme important s'étend s'enfle et se travaille mais les enfants conspuent Matamore et sifflent l'imposteur en criant au Guignol. C'est donc hier où l'on a vu que l'olympisme est nu. Tué par la politique, le dopage, le chauvinisme, ce n'est plus qu'un gigantesque business. Pourquoi pas d'ailleurs, mais qu'on arrête de nous bassiner avec les grands sentiments et la fraternité entre les peuples.

     

     

    Il paraît que le CIO vient de se réveiller. J'attends avec impatience le spectacle de leur solennité rubiconde et vexée que l'on dérange leurs petites affaires. Son Président se dit préoccupé ; on aura droit à un communiqué à l'eau de rose appelant à préserver un idéal qui a été trahi tant de fois.

    Ce n'est plus de boycott qu'il faut parler c'est de sabotage. C'est facile, il suffit de ne pas regarder les retransmissions. En plus avec le décalage horaire on aura pas beaucoup d'efforts à faire.

  • Sonnet cafardeux

    C'est par l'entremise de Scheiro qui commente mon exercice de metablogging que je me prête à à cette entreprise. Rien dans ce sonnet ne correspond à mon état d'esprit actuel qui n'a rien de cafardeux. Mais le premier alexandrin est imposé par Albertine ; il n'engage pas à l'optimisme : Hier dans ma baignoire un cafard s'est pendu.

    Il s'agit de continuer en respectant les règles du sonnet ; c'est à dire deux quatrains en rime ABBA ABBA et deux tercets CCD EDE ou CCD EED.

    Après les cadavres exquis de Cath l'argonaute, c'est la saison des jeux littéraires. Voici donc ma contribution :

     

    Hier dans ma baignoire un cafard s'est pendu
    J'aime le compagnon qui seul supporte encor'
    Le vent de mes humeurs, le noir de mon décor.
    Après ce visiteur personne n'est venu

    Dans cette cage aux barreaux luisants, aux murs nus
    La vue du nouvel ami n'est pas sans rapport
    Avec l'absence de mes anciens. Ils ont tort !
    Inconstance et fidélité, j'ai tout connu

    Adieu projets, je n'ai plus que des souvenirs
    Mais Cafard me déprit qu'il est temps d'en finir
    De l'insecte au moins je repris quelque confiance

    Le cerveau, la baignoire lavons jusqu'à l'émail
    L'ivresse et le propre ont laissé ce détail
    Le poil noir collé qui lui servit de potence

     

     

  • To rock or not to rock : Keith Richards pose pour Vuitton

    Le vieux forban fait de la pub maintenant. Voilà le genre de nouvelles qui me réjouit. J'imagine son rire carnassier quand il a été approché pour cette campagne. Après Catherine Deneuve, classique, Gorbatchev, pas tellement vendeur, Vuitton va rimer avec Satisfaction.

    Il paraît que David Bowie a fait de la pub pour Vittel. Du rock à l'eau plate, c'est vraiment n'importe quoi. La campagne est passée inaperçue, évidemment. Celle-là sera forcément un succès. Tous les ex-fans des sixties au portefeuille et au ventre rembourré ( ce n'est mon cas ni pour l'un ni pour l'autre ) vont pouvoir réconcilier les goûts de leur jeunesse avec leur nouveau statut social.

    Keith Richards a toujours eu le cynisme en bandoulière, il pourra le mettre dans son sac Vuitton et ré-interpréter "Papa's Got a brand new bag", le standard de James Brown.


    82ba753d1cc4bb2e0f2777b1cc365af5.jpgLa photo Vuitton. On distingue un crâne sur la table de nuit. To rock or not to rock ? Ca n'a jamais été une question pour Keith - Hamlet - Richards.

    La tête de mort est d'ailleurs très tendance, elle ressuscite si l'on peut dire :

    "Le crâne humain ne fait plus peur. Plusieurs marques de luxe (Dior, Fendi) l'ont utilisé dans leurs récentes collections, apposant ce sourire de mort sur des foulards, maillots de bain, sacs et bijoux.

    Chez Damien Hirst, figure incontournable de l'art conceptuel, l'image prend une tournure particulièrement provocante: l'une de ses récentes créations représente un faux crâne humain incrusté de 8'601 diamants et d'une pierre rose pâle de 55 carats de chez Bentley & Skinner. Prix: 125 millions de francs pour ce symbole ultime de la collision entre l'imagerie macabre et l'univers futile du strass et du bling-bling.
    Comment expliquer cet engouement? «Comme le tatouage, la tête de mort exprime une revendication de liberté, qui se retrouve d'ailleurs dans le regain d'intérêt pour les Harley-Davidson», relève Stefan Fraenkel, observateur de tendances
    ( quel beau métier : N.D.L.A ) à l'Ecole hôtelière de Lausanne."

    Ce crâne est-il celui de son père ? On sait que Keith Richards laisse courir la rumeur qu'il en aurait sniffé les cendres. Il n'a d'ailleurs arrêté l'héroïne qu'après s'être réconcilié avec son père qu'il n'avait pas vu pendant 25 ans. Etonnante histoire.

     

    5a7c6d4564f658bb9002965e68098f56.jpg

     

     

    Mais, revenons à la métaphysique, sujet à peine moins futile. Vous souvenez-vous de Rancé, celui de la Vie de Rancé écrite par Chateaubriand ? Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé vivait sous Louis XIV une vie moins qu'austère comme tant d'autres religieux de l'époque. Amoureux fou de la duchesse de Montbazon, il fut le dernier de ses innombrables amants. La légende dit qu'il ne se sépara plus du crâne de sa maîtresse pour l'emporter jusqu'à la Trappe. C'est en effet là qu'il finît sa vie, à refonder l'ordre monastique dans une discipline de dépouillement extrême. On ne saura pas si le souvenir de sa maîtresse posé sur son bureau lui inspirait des sentiments de contrition ou de nostalgie.

    Des sentiments qu'on imagine mal chez le roi du riff.

  • Les labours de Novembre

    20 ans déjà que ces matins brumeux de novembre ressemblent à tous les autres mois. 20 ans que je n'ai pas planté ma charrrue dans la terre fumante.

    Il faut partir avant le lever du soleil pour commencer le labour à la nuit finissante. Si tout va bien la brouillard sera là aussi et quand il se lève et perce, ce soleil rasant est à peine voilé par le pare-brise sale, car c'est un tracteur. 

    Maintenant que le jour se lève, il faut s'appliquer encore plus à tirer droit.

    Une voiture pourrait ralentir..

    Rentrer dans le sillon légèrement de l'extérieur pour compenser le mouvement inverse de la charrue quand tout l'attelage glissera dans le fond du sillon. Mordre un peu dans le labour lorsque l'on arrive sur la veine d'argile car la charrue tend à s'écarter dans l'effort de soulever une terre plus lourde. On ne s'ennuie jamais quand on laboure. Chaque coup est un défi où la perfection de la ligne droite et de la profondeur doit être maintenue d'un bout à l'autre. L'écart doit être rectifié, mais pas trop vite en coupant d'un seul coup le serpentement, car c'est la correction qui ne s'effacera plus. A peine a-t-on fini que d'autres erreurs apparaissent que l'on n'a pas vu naître en gommant doucement la précédente.

    Il arrive que l'on réussisse une longue suite de coups bien droits. Je pense alors au Parthénon en incurvant les lignes pour parfaire l'illusion de la rectitude. Cet architecture à coups de charrue ne sera que pour moi. Inutile car il n'y a pas de gain de rendement que je puisse espérer de mon application. 

    On doit croiser le sens des labours d'une année sur l'autre. Mais je laboure toujours en perpendiculaire de la route, que l'on puisse en jouir. Car une voiture pourrait ralentir, et même s'arrêter pour admirer la perfection du trait. Mais seules les mouettes suivent mon tracé, au festin des vers de terre que la charrue surprend.  

  • Non à la réforme

    Bloqués hier soir en arrivant à la Gare du Nord, les voyageurs ne sont plus en voiture "silence". On dégaine les portables pour prévenir la famille d'un blocage dont on ne peut pas encore prédire l'issue. Mais la SNCF fait des progrès de communication. Elle annonce clairement qu'une manifestation d'étudiants bloque la voie pour une durée indéterminée.

    Les étudiants se veulent solidaires de la fonction publique. Une solidarité qui n'a pas l'air partagé dans ce TGV ni par cette voiture de moins en moins "silence" et de plus en plus débridée. Chacun rappelle sa famille : Connard de Julliard. Oui ils en parlent aux infos. Font chier ces étudiants.. 

    On nous annonce maintenant 1 heure de retard et donc de blocage. Nous sommes à 100m de la gare, mais les portes sont verrouillées. Impossible de sortir. Quand enfin nous pouvons arriver à quai, c'est pour rester coincé dans l'embouteillage de queue de manifestation.

    C'est donc reparti avec l'UNEF et son patron Bruno Julliard. Ce jeune homme était déjà vieux en 1980. Il appelle ses maigres troupes à rejoindre les mouvements de grève qui s'amorcent. Ca fait partie de leur formation. Ils s'entraînent à la lutte pour conserver des avantages acquis qu'ils n'ont pas encore, et défendre une pré-retraite à laquelle ils rêvent déjà. N'étant pas fluidifiés par les enveloppes de l'UIMM, ils ont peu de moyens. Ils n'ont donc qu'une seule bannière, une seule pancarte et un seul slogan que l'on se transmet depuis 30 ans, au nom des éclatants succès de notre Université.

    Non à la réforme. Quelle réforme ? Peu importe. Non à la réforme !

  • Même sans Twitter, j'arrive à perdre mon temps

        Publier un billet sur Twitter un 24 octobre 2007, c'est vraiment s'exposer aux ricanements de toute la planète geek 2.0. Je n'hésite donc pas, car que dire de plus sur un sujet archi rebattu depuis plus de 6 mois ? Rien, et c'est le sujet de ce billet. Tout ça est la faute de Xavier qui reste perplexe face à ce service de micro blogging. 

    Je ne le suis pas et savais à l'avance que ça ne pouvait pas m'intéresser ; du coup j'ai passé plus de 2 heures à regarder un peu à quoi ça ressemble. Sur les milliards de billets qui en parlent, c'est ici, en anglais, que j'ai trouvé le meilleur descriptif.

    Twitter répond donc à la question "What are you doing now ? " Une question que personne ne se pose mais à laquelle vous répondez quand-même. Vous perdez votre temps à dire ce que vous faites : "J'attends le RER de 18h55 sur le quai de la gare de Lyon" et vos lecteurs perdent le leur à lire votre message. Et moi j'arrive à perdre encore plus de temps, en n'utilisant même pas Twitter mais à chercher à comprendre pourquoi.

    Il faut dire que j'ai mis des années à admettre que la conversation est rarement faite pour échanger des idées ou des sentiments, mais plutôt une présence. C'est cet aspect social que j'ai longtemps accusé de mondain - ce qu'il est aussi - qui fait que j'ai encore du mal à parler pour ne rien dire,  m'intéresser à moi-même, à l'autre et au lien qui nous unit en dehors de tout contenu dans le dialogue.

    - Ca va ?
    - Ca va
    - Il fait plus ce froid ce matin

    Certains arrivent à en faire des heures avec talent, moi il m'a fallu des années de travail pour tenir quelques minutes, arriver à être poli et m'intéresser à la météo. J'écris tout ça sans aucun mépris, mais plutôt avec une certaine envie envers ceux qui ne s'ennuient jamais avec eux-mêmes. Du coup ils n'ont pas besoin de fond pour communiquer leur forme. Ils sont tout prêts à en faire profiter la terre entière et donc à twitter.

    Quant à moi, parler de choses et d'autre - de rien en fait - à quelqu'un, je peux. Parler de rien à personne, voilà un niveau de vide que je n'atteindrais jamais.

    C'est en me promenant sur le Web à propos de Twitter, que j'ai trouvé le nom savant de ce phénomène. Twitter est donc une fonction phatique diffusée sur Internet.

    Et voilà comment un billet qui voulait parler de rien sur rien, qui cherchait à être humoristique, en dit beaucoup sur moi-même et se transforme en cours de linguistique. Twitter n'est décidément pas pour moi.

  • Blogosphère et Blogalaxie

    La blogosphère est une bulle aux bords argentés qui font miroir. A l'intérieur, on tourne en rond, on s'admire, on rebondit de part en part sans jamais en sortir. Dans la blogosphère il y a d'autres petites sphères. Ce sont de petites billes qui s'entrechoquent en faisant "tics, tics, et tics". 3f03dd9cbf99eab18f22a8a05f10cbfb.jpgLa blogosphère est un aquarium dans lequel rien ne rentre et d'où rien ne sort. Au dessus de l'eau volent des essaims d'insectes qui font bzz, bzz, bzz. Mais ce ne sont pas de vrais insectes, alors ils font buzzzzz. Dans l'eau il  y a des bancs de poissons qui vont et viennent, changent de direction d'un seul coup, sans qu'on sache pourquoi, tous ensemble, comme dans les films de Cousteau. Comme ne sont pas de vrais poissons, leurs bulles ne font pas glouglou. Leurs bulles font Gooooogle, Gooooogle. Il y a des petits poissons et de grands requins prédateurs. Les gros requins avalent tout, les petits poissons et les insectes qui volent au dessus en faisant buzzzzz. Et quand ils digèrent ils rotent avec des bruits de Gooooogle, Gooooogle.

    Quand on est enfermé dans la blogosphère, c'est difficile de s'en échapper. Il faut quitter l'essaim et arrêter de faire buzzzzz. Dehors est l'univers infini de la blogalaxie. C'est un univers en expansion continue avec plein d'objets célestes différents. Il y a des pulsars qui émettent chacun à leur propre fréquence, plus ou moins vite, plus ou moins fort. Chacun son rythme et chacun fait ce qu'il veut dans la blogalaxie. Parfois certains s'éteignent et n'émettent plus rien. Mais d'autres naissent et remplacent les astres fatigués. Il y a plein d'objets célestes divers dans la blogalaxie, avec des noms étranges dont aucun n'est pareil. On ne sait pas ce que deviendra la blogalaxie. Après le big bang initial, ce sera peut-être l'expansion continue ou bien le big crunch

    Car l'avenir de la blogalaxie n'est pas écrit et dépend de chacun de ses astres. Mais elle est déjà trop grande pour les gros requins qui font Gooooogle, Gooooogle

    Soyons résolument blogalactique. 

  • Ne m'offrez pas un iPhone

    A tous ceux qui se creusent déjà la tête pour la corvée les cadeaux de Noël, je préviens d'avance. Je ne veux pas de l'iPhone. Je ne l'ai pas vu, je ne l'ai pas touché, mais je ne peux déjà plus le sentir. Je m'attends au pire pour son arrivée en Europe dans les prochains jours.

    Le BUZZ va être à son maximum, on ne pourra pas plus y échapper qu'à la vie de Philippe et Mathilde chez Leclerc ou à la pièce de deux Euros chez Carglass. A un certain de niveau de saturation, on obtient l'effet inverse. La saturation s'est transformée en indigestion puis en détestation. Ce truc est tellement mode, que ça en devient un MUST NOT HAVE à peu près aussi vulgaire qu'un... 4x4 BMW par exemple.

    On va m'accuser d'avoir fait la queue 48 heures comme ce brave crétin.

    7e2682091f869f1acfd3a5b3ce80d2cf.jpg

    Et on ne me croira pas si je dis que c'est un cadeau : façon inélégante d'accuser ses amis d'un mauvais goût qu'ils vous obligent à exhiber.

    Pour éviter l'iPhone, je suis prêt à accepter pleins d'autres "idées de cadeaux", par exemple :

    • Un week-end en tête à tête avec George W Bush dans son ranch de Crawford
    • Un week-end avec Sarkozy dans sa nouvelle résidence d'été de Wolfsboro
    • Un week-end avec les DEUX à Kennebunkport
    • Une photo ( retouchée ) de Sarkozy dédicacée par Cécilia
    • Un upgrade gratuit vers Windows Vista
    • Assister en direct à une émission autosatisfaction sur Canal+
    • Applaudir toutes les 15 secondes au signal du chef de claque dans cette même émission

    Je suis même prêt à lancer une nouvelle chaîne de blogs : Trouver 5 idées de cadeaux PRESQUE aussi énervants qu'un iPhone.

    Allez, faites chauffer le buzz.

  • Les larmes de la rentrée

    Tous les ans c'est la même chose. On rebat les cartes, on mélange le paquet, et l'on redistribue. Ce n'est pas plus important que ça, n'est-ce pas. Comme il y a plusieurs classes du même niveau, tous les ans, on affecte les enfants selon des critères mystérieux. C'est une prérogative de la direction de l'école, et il n'y aura jamais d'explications. Je soupçonne donc qu'il n'y a pas de règle, et que les enfants sont tirés au sort, parce que ça n'a aucune importance.

    C'est ainsi qu'à chaque rentrée, l'enfant doit affronter l'arbitraire cruel d'adultes qui se fichent pas mal des chagrins inutiles qu'ils provoquent. Bienvenue dans le monde des adultes. Parce c'est comme ça -  c'est le règlement - j'veux pas le savoir -  attendez votre tour -  le guichet est fermé.

    Les profs, eux, se retrouvent, se congratulent et se racontent leurs vacances. Tous les ans, les enfants perdent leurs meilleurs amis. Comme par hasard, pour sa rentrée de CE2, ma fille n'est plus avec ses amies de l'année dernière. Comme par hasard, elles sont réparties dans d'autres classes. Y a-t-il un prof qui regarde les enfants, les jeux dans les cours de récréation ? Est-ce indispensable d'imposer ces chagrins, ces larmes ? On nous répondra que ce n'est pas grave, et qu'au bout d'une semaine, tout est oublié. On nous dira sans doute que l'école est faite pour apprendre et pour créer de la mixité sociale.

    Eh bien non, Mesdames et Messieurs les profs, on n'oublie rien, les meilleurs moments de l'école, ce sont les heures passées avec les copains et les copines. C'est la récréation. L'école est l'endroit où l'on passera la majorité de son temps et où l'on aura ses meilleurs amis. Mais quand on n'est plus dans la même classe, ce n'est plus pareil.  A voir votre obstination à casser des amitiés qui ne vous regardent pas, on dirait que vous ne le savez pas et que vous n'avez jamais été enfant.

    Je n'ai de souvenirs d'école que d'un environnement hostile auquel il faut bien s'adapter. On apprend parce qu'il faut bien, sans que personne ne vous en donne le goût. Jamais je n'ai vu un prof comme quelqu'un d'autre qu'un adulte à craindre ; certainement pas comme un maître respecté que l'on aurait envie d'interroger après l'heure réglementaire. Voilà les souvenirs qui m'en restent avec cette rancune que je ne veux pas transmettre à mes enfants. Mais les larmes de ce matin, et celles de sa mère et donc les miennes ne seront pas oubliées. Tout le monde s'en remettra, bien sûr, sauf le sentiment amer et renouvelé que décidément l'école ne sera jamais qu'un lieu de contraintes, à quitter au plus vite.