Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blog

  • Professionnels - Amateurs : c'est toujours la même histoire

    Polit'bistro est un nouveau blog qui s'occupe de sciences politiques, blog que j'ai repéré grâce à Arthur Goldhammer qui tient le blog French Politics, dont le titre dit tout de son sujet.

    Polit'bistro commente un article du Monde , article qualifié de torchon. Un torchon article sans grand intérêt qui reprend l'éternellle distinction entre le journaliste professionnel, sérieux, fiable, encarté et le bloggeur amateur, égocentrique et imprévisible. Peu importe le fond de cet article qu'on a déjà lu 10 000 fois ailleurs, mais qui n'est pas plus mauvais que d'autres. De toutes façons, sur ce sujet, il vaut mieux aller chez Narvic.

    Ce qui intéresse Polit'bistro, c'est le phénomène sociologique qu'on lit à livre ouvert derrière ce type d'article, ce que les anglo-saxons appellent le boundary-work, ou comment une corporation se défend contre les tentatives d'intrusion. Il s'agit pour cette corporation de construire tout un ensemble de règles, de coutumes et de critères qui n'appartiennent qu'à elles et lui permettent de rejeter tous ceux qui exercent une activité similaire, mais sans respecter ces règles. Le journaliste se proclame donc professionnel suivant des règles déontologiques qui marquent sa différence avec les bloggeurs forcément incontrôlables.

    Ce n'est pas forcément négatif qu'il existe ce genre de frontière entre les professionnels et les amateurs. On aime bien que son médecin soit effectivement docteur en médecine et n'ait pas volé ses diplomes. On est rassuré si le pilote a déjà quelques heures de vols.

    Ce qui est intéressant dans la réaction, de type réflexe, des journalistes face au phénomène des blogs, c'est qu'elle reproduit exactement ce type de discours de la corporation bien installée face à la menace d'une concurrence montante.

    On a vu ça de multiples fois :

    - Dans les années 60 lorsque la vague des chanteurs “yéyé” était taxée de braillards incultes par les gloires déclinantes de la “chanson française” à texte.

    - Dans les mêmes années 60 lorqu’on parlait de l’économie montante du Japon. A l’époque on en parlait comme de purs copieurs qui produisaient des montres au kilo, incapables de toute innovation.

    - C’est exactement le même discours qui est tenu aujourd’hui à l’égard de la Chine, où l’on cherche à se rassurer en faisant mine de croire qu’on leur délègue la simple fabrication, mais que la conception, le savoir faire, et donc l’intelligence reste chez nous.

    Le journalisme officiel et encarté ne peut que réagir de cette manière face à la montée de nouveaux moyens d’expression qui menacent son monopole. Dans le futur, il sera intéressant d’observer si les blogs eux-mêmes ne seront pas classifiés en blogs sérieux, influenceurs, professionnels, et le reste. C’est déjà fait en ce qui concerne les skyblogs, rejetés dans les ténèbres de l’expression adolescente sans contenu ni intérêt. Y a-t-il un bloggeur sérieux qui ne parle des skyblogs dans les mêmes termes et avec les mêmes réflexes que ce journaliste à l’égard des blogs ?

  • Dernière de l'année

    Très peu actif sur ce blog en juillet, je reviendrai en septembre.

    Très peu actif, car trop pris par un boulot très intense : le mien et celui de mes collègues qui sont en congés. Tout ça dans un contexte de Xième "plan social" dont je finirai bien par faire partie, un jour.

     Très peu actif aussi, car j'écris principalement pour moi-même sans me soucier de la cadence, de la forme, des conventions, des règles (y en a-t-il ?) du blogging. A ce point, c'est peut-être manquer de respect pour ses lecteurs. J'attends vos commentaires sur ce sujet

     En attendant, je ferme tout : Téléphone, PC, Télé, journaux et informations. Et bien sûr pas de Jeux Olympiques.

    J'en profite pour piquer son logo à Cath, qui ne m'en voudra pas.

    4543a58cbb254646422f45e8401eac11.jpg

     

     

  • Journalistes et informaticiens, même combat ?

    Dans la lignée de mon précédent article , et faisant écho à la revue de blog d'Olivier, qui le rapproche d'un article d'Etienne Duval : La parole du journaliste, je me dis que la question de l'avenir du journalisme n'est pas si éloigné de débats quotidiens que nous avons à propos de mon métier d'informaticien.

    En informatique, des compétences partout

    Il s'agit là de la question de l'offshore, oursourcing ou infogérance qui consiste à délocaliser un certain nombre de tâches informatiques vers des pays à bas salaires. L'exemple de plus connu est celui de l'Inde avec ses centres de Bangalore ou maintenant de Mumbay (Bombay). Ca a commencé par des travaux de développement logiciel où la conception se fait en Occident et le codage, ennuyeux, coûteux en temps, et réputé de peu de valeur ajoutée, est sous traité en Inde. Ca continue par l'infogérance, où c'est la gestion des infrastructures (maintien en conditions opérationnelles des systèmes informatiques) qui est également confiée à des entreprises indiennes. La distance importe moins avec le développement et la vitesse accrue des réseaux.

    Comme pour le journalisme, on a tendance à mettre en exergue les loupés (il y en a), la moins bonne qualité de la prestation, et se rassurer en soulignant qu'il faut dix Indiens pour faire le travail d'un Français. On oublie un peu vite nos loupés (il y en a aussi) et le rapport qualité/prix qui n'est pas à notre avantage.

    Là aussi, on a du mal à admettre qu'une concurrence à bas prix finisse par effectuer un travail comparable au notre. Là aussi, on a tendance à dénigrer des amateurs qui ne pourront jamais offrir le même niveau de qualité.

    C'est un combat perdu d'avance, sur ce terrain là.

    En revanche, il y a des domaines où la proximité est indispensable, et c'est là le domaine où nous apportons une vraie valeur. Il est clair qu'une gestion de projet menée depuis Bangalore ne marchera pas. Le décalage horaire, la distance culturelle et la langue, qui reste une barrière quand on veut être précis, font que la proximité du client reste primordiale. Comme dans le reste de l'industrie, ce sont les tâches d'avant-vente, de vente et de gestion de projet qui seront de plus en plus notre coeur de métier. La réalisation technique sera confiée au plus offrant qui sera souvent à distance.

    L'expression publique ne sera plus jamais un monopole restreint

    Pour le journaliste professionnel, c'est le même type de réactions que l'on observe : Jamais ces blogueurs n'atteindront le niveau d'un journaliste de métier se dit-il pour se rassurer. Et ce sont ces jugements rapides sur Internet, propagateur de rumeurs, qui s'expriment à tort et à travers, sans aucune déontologie, alors que nous, journalistes, savons recouper nos sources et hiérarchiser l'information.

    Là aussi, ce n'est pas en dénigrant une concurrence à bas prix, et d'ailleurs gratuite, que l'on sauvera le journalisme, en tous cas ce journalisme là. L'accession à la parole publique est désormais possible pour tous. Il n'y aura plus jamais cette élite de quelques dizaines d'éditorialistes vedettes qui pensaient faire l'opinion. Et on lit tous les jours des inconnus dont l'expertise, l'acuité de jugement et le talent ne cèdent en rien au chroniqueur professionnel, alors que leur indépendance et leur liberté est le plus souvent bien mieux établie. Sur ce terrain là, le journaliste n'est plus qu'une  voix parmi d'autres, et sans aucun avantage du à  son statut plus ancien.

    L'investigation est le contraire de la vitesse

    Etienne Duval le dit parfaitement, c'est d'un journalisme d'investigation, qui sait prendre son temps pour déterrer la vérité, dont nous avons besoin. Sur ce terrain là, il est irremplaçable. C'est le journalisme d'Albert Londres, de Denis Robert, de Carl Bernstein et de Bob Woodward.

    C'est celui de Jacques Derogy qui juste avant sa mort  s’inquiétait de voir les journalistes se livrer "à une course abominable" alors que "l’investigation est précisément le contraire de la vitesse".

  • Orthographe du nénufar

    Je lis dans l'Express de cette semaine que la communauté lusophone vient de se mettre d'accord pour une réforme du portugais. Humido devient umido, optimo devient otimo et auto-estrada autoestrada. Ce sont quelques réformes qui harmonisent les orthographes et consacrent l' usage. Elles consacrent surtout l'usage brésilien et ses  200 millions de locuteurs contre un peu plus de 10 millions au Portugal.

    En lisant cela, je m'apprêtais à rédiger une diatribe bien sentie contre une académie française, gardienne sourcilleuse d'un Français congelé depuis des siècles. Je m'apprêtais aussi à comparer avec le Portugais, qui jouit d'une ancienne colonie dont la puissance lui permet d'imposer sa vitalité linguistique aux crispations de sa vieille terre natale.

    Et je m'apprêtais donc à regretter que le français se fixe encore sur les quais de Seine au lieu de s'aérer au bord du Saint-Laurent. Mais il n'en est rien, et ce n'est pas cette vénérable institution que l'on pourra accuser de notre immobilisme.

    Car l'attachement des français à  certaines bizarreries de leur orthographe a quelque chose de pathologique. Sous prétexte d'étymologie, ou de raisons historiques parfois obscures et souvent fantaisistes, beaucoup restent attachés aux nombreuses exceptions et absurdités que rien ne justifie ; source d'échec scolaire et barrière à l'apprentissage du français par les étrangers.

    Doit-on tous les citer :

    • L'é sur sur la deuxième syllabe de événement du à un erreur de typographie
    • Le nénufar, mot d'origine arabe, doit s'écrire avec un f et non ph comme s'il était grec
    • Le chariot avec un r et la charrette avec deux
    • On n'oubliera pas les deux cuisseaux du veau qui se transforment en cuissots pour un chevreuil sans que ni l'un ni l'autre n'y soit pour rien ni cuisiné différemment

    Il y en a beaucoup d'autres que l'on pourra consulter sur le site de l'académie (un seul c) française qui recense ces anomalies et propose la nouvelle orthographe. Car cette orthographe existe depuis que Michel Rocard en 1990 avait demandé  qu'on la révisât. Cette orthographe est proposée, nullement imposée, depuis 18 ans. Cette réforme ne propose que la suppression d'exceptions non justifiées, la rectification d’anomalies  qui ne doivent rien à l’étymologie (chariot-charriot,imbécillité- imbécilité, etc.). Elle ne change rien aux règles liées à la grammaire. Pourtant, elle ne s'est pas imposée par l'usage et surtout elle n'est pas enseignée. On continue en 2008 de forcer les enfants à apprendre des règles qui n'en sont plus depuis 18 ans. On leur fait perdre un temps précieux à retenir des listes d'exception qui polluent la langue, sans l'orner du charme d'une tradition qui n'intéresse plus que quelques érudits. L'effort est tel que les adultes qui y parviennent voient dans ces scories le signe de la réussite scolaire et donc sociale. La sélection par l'échec commence déjà là, par la maîtrise d'un code qui doit tout au maintien des castes savantes et rien à la volonté de faciliter l'accession à une langue purifiée.

    Répétons le, cette orthographe est correcte d'un point de vue des autorités compétentes. Elle est surtout plus élégante, et elle facilite l'accès et la compréhension du Français. Il ne tient qu'à nous de l'utiliser pour qu'enfin les mentalités bougent, et l'on pourra vérifier dans ce mini-guide d'utilisation qu'il ne s'agit évidemment pas d'écriture phonétique ni d'un langage SMS qui est proposé. Que chacun s'en fasse une idée.

    Il semble que les mentalités évoluent :

    A partir de maintenant, j'écrirai donc avec cette orthographe rectifiée. Je parie que peu verront la différence, mais peut-être ferai-je moins de fautes.

  • Reprendre le blog

    Reprendre son blog, c'est presque comme reprendre son travail : une activité tellement futile et si vite oubliée.

    Reprendre son blog, c'est comme ré-écouter, relire les informations de son pays. Bertrand Delanoé a fait des déclarations :  Ah bon, lesquelles ?  Une grève : de qui de quoi ?

    Reprendre son blog, c'est rebrancher toutes ces prothèses électroniques : le portable, le PC sur Internet. On s'en passe si facilement, et je ne ressens aucun manque. Je suis d'une génération privilégiée, qui aura vécu dans un monde sans informatique, qui peut s'en passer et qui se souvient encore que ça peut exister. Une génération pas trop âgée non plus, à être effrayée par ces outils, et qui puisse même en goûter toute la puissance.

    Reprendre son blog, c'est revenir au Monde tel qu'il est devenu pour moi. J'espère y être toujours bienvenu.

  • En Mai, fais ce qu'il te plait

    Chères lectrices et lecteurs,

    Pause vacancière d'une semaine pour ce blog.

    Soyez sage pendant ce temps. Les commentaires restent ouverts.

    J'y répondrai à mon retour en vous souhaitant plein de jolies choses.

  • Max Weber à l'Elysée

    Sur Internet, il faut nager à contre courant, c'est une question d'hygiène. Comme Nicolas Sarkozy va remonter la vague des sondages, grâce à - sublime, forcément sublime – Carla, il est urgent de rappeler ce qu'en disait Max Weber ( 1864-1920 ). Le célèbre sociologue allemand était aussi prophète à sa façon.

    "En effet, bien que, ou plutôt parce que la puissance est le moyen inévitable de la politique, et qu'en conséquence le désir de pouvoir est une de ses forces motrices, il ne peut y avoir de caricature plus ruineuse de la politique que celle du matamore qui joue avec le pouvoir à la manière d'un parvenu, ou encore Narcisse vaniteux de son pouvoir, bref tout adorateur du pouvoir comme tel. Certes le simple politicien de la puissance, à qui l'on porte aussi chez nous un culte plein de ferveur, peut faire grand effet, mais tout cela se perd dans le vide et dans l'absurde. Ceux qui critiquent la « politique de puissance » ont entièrement raison sur ce point. Le soudain effondrement moral de certains représentants typiques de cette attitude nous a permis d'être les témoins de la faiblesse et de l'impuissance qui se dissimulent derrière certains gestes pleins d'arrogance, mais parfaitement vides. Une pareille politique n'est jamais que le produit d'un esprit blasé, souverainement superficiel et médiocre, fermé à toute signification de la vie humaine ; rien n'est d'ailleurs plus éloigné de la conscience du tragique qu'on trouve dans toute action et tout particulièrement dans l'action politique que cette mentalité" ( Politische Schriften )

    C'est en prenant le sillage de DirtyDenys que je cite Max Weber pour faire le point sur notre Président. La très brillante note de Denys nous montre que la pensée de Max Weber irrigue au delà du domaine traditionnel de la sociologie, en nous peignant un Philippe Lucas (ex-entraîneur de Laure Manaudou), naguère seul maître à bord de son centre d'entraînement, mais n'ayant plus barre sur sa nageuse vedette, et devenuchef charismatique qui perd la tête.

  • Caissière, ça mène à tout à condition d'en sortir

    Acrimed, observatoire des médias, publie une étude formidable sur la manière dont les médias traitent de Anna Sam. Anna est caissière, et son blog : Les tribulations d'une caissière, s'est retrouvé propulsé en tête des classements.

    « Une caissière fait recette grâce à un blog à succès » (20 minutes.fr, le 6 janvier)." C'est tout ce qui intéresse les médias, de la vie d'Anna. C'est le fait d'être devenue connue, presque une star, qui va publier un livre : une caissière qui sait écrire, et qui n'est plus caissière. Elle s'en est sortie, ce qui n'est pas le cas des 170 000 autres, dont le blog d'Anna décrit la vie quotidienne.

    On s'intéresse à Anna pour ce qu'elle n'est plus. Le fond de ce qu'elle a vécu, ce qu'elle raconte n'a pas d'intérêt. Ce qui est intéressant, c'est l'ascension médiatique et sociale qu'elle symbolise.

    On ne l'interroge pas sur les conditions de vie de toute une profession. Les salaires, les horaires, les petits chefs, les clients : bon d'accord, mais ce qui fait rêver c'est la belle histoire de celle qui aura eu le talent et sans doute un peu de chance pour en sortir. Car il s'agit d'en sortir et sûrement pas de se préoccuper des 170 000 autres qui n'ont pas cette belle histoire à raconter.

    Mine de rien, l'histoire d'Anna en dit long sur les médias. Mais ils ne font que refléter la disparition de toute analyse sociale au profit de la montée en épingle de quelques réussites individuelles visibles.

  • Deux découvertes en deux bonds : Jean-Claude Michéa, un discours de Bob Kennedy

    Vagabondant sur des blogs, j'arrive chez Jean-Baptiste Rudelle qui publie peu mais bien. Il commente un livre de Jean-Claude Michéa, L'empire du moindre mal. Il y a deux heures encore, je ne connaissais pas l'auteur ni donc ce livre.

    ab3bf25c3f7df188906714065facb7f7.jpegJean-Baptiste Rudelle en dégage une idée qui éclaire l'impasse actuelle de la Gauche. Conformément à ses traditions comme à ses convictions, la droite défend une politique de défense des intérêts privés et d'une fiscalité modérée contre une gauche plus favorable au renforcement de la place de l'Etat. Jusque là tout va bien. Mais l'affaire se gâte lorqu'il s'agit des questions d'immigration et de sécurité. La gauche "généreuse" qui défend une politique d'intégration et de régularisation "(ce qui ne peut qu’encourager de nouveaux candidats à l’immigration) défend objectivement les intérêts des plus riches." De même quand il s'agit de l'insécurité qui touche d'abord les quartiers populaires où la droite est très à l'aise pour préconiser une politique répressive contraire aux valeurs traditionnelles de la gauche mais qui peut séduire les habitants de ces quartiers, exaspérés par cette insécurité.

    Bref, la Gauche est dans un cul-de-sac intellectuel. La Droite aussi d'ailleurs, mais elle s'en fiche. Droite comme Gauche sont dans la même impasse. Mais la Droite qui accepte le modèle actuel, ou s'y résigne, a l'avantage de défendre une politique d'adaptation à une réalité que chacun constate, quand la Gauche est dans l'impossibilité de choisir entre cette réalité qu'elle refuse et une alternative qu'elle n'a pas ( encore ?? ) conceptualisée.

    Jean-Baptiste Rudelle m'avait déjà mis sur la piste du livre de Valérie Charolles : Libéralisme contre Capitalisme. Je n'ai pas eu à le regretter. Il est toujours temps de  le lire.

    Je vais donc me procurer le livre de Jean-Claude Michéa qui semble éclairer quelques pistes. A la recherche d'autres références, voici une interview de Jean-Claude Michéa sur le site de Marianne, et cette citation magnifique de Bob Kennedy, extraite de L'empire du moindre mal :

     

     

    Le 18 mars 1968, quelques semaines avant son assassinat, Bob Kennedy prononçait, à l'Université du Kansas, le discours suivant : « Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue »Quarante ans après, on aurait évidemment le plus grand mal à trouver, en France, un(e) représentant(e) de la Gauche ou de l'Extrême gauche capable de formuler une critique aussi radicale de l'idéologie de la Croissance.

    C'était ça aussi l'esprit de 1968...

    Un bond chez Jean-Baptiste, un rebond à la mémoire de Bob Kennedy, c'est Internet comme je l'aime.

  • Non, on ne peut pas tout dire sur son blog ( ou dans la presse )

    Quand Nicolas Sarkozy traite de "pauvre con" un visiteur du Salon de l'Argriculture, il est dans un endroit public et dans l'exercice de ses fonctions ( si l'on peut dire ) . C'est une information, avérée, et d'ailleurs enregistrée et filmée. Une information qui n'est pas passionnante ni fondamentale, dont on peut préférer s'amuser, c'est mon cas, mais qui nous dit des choses sur le comportement et le caractère du chef de l'état.

    Quand Nicolas Sarkozy envoit ou reçoit des SMS de son ex-épouse, c'est une conversation privée dont la teneur, quelle qu'elle soit,  n'a pas à être divulguée.

    La distinction n'est pas toujours nette, s'agissant d'un personnage public, comme Nicolas Sarkozy, qui joue avec sa vie privée ( à ses dépens ).

    En ce qui concerne Madame Noachovitch, la distinction est plus simple, c'est une personne privée, qui, à ma connaissance, n'est pas en situation de pouvoir, politique ou judiciaire. Elle a donc le droit de ne pas voir des propos privés, quels qu'ils soient, rapportés, déformés, ou faux comme elle l'affirme,  sur la place publique.

    Luc Mandret fait un copier-coller d'un autre blog ( Claude Askolovitch ) qui, lui même, se fait l'écho du Canard Enchaîné qui rapporte des propos qu'auraient tenus Madame Noachovitch lors d'un dîner privé. Tout ça au conditionnel. "Dommage pour la liberté d'expression" commente Luc Mandret à la suite de l'injonction de Madame Noachovitch lui demandant d'effacer la note en question. Il se contente de ce regret. Ce n'est pas le cas des nombreux commentateurs qui crient à la censure, aux méthodes dictatoriales, et à la menace contre la démocratie.

    Le blog de Luc Mandret vaut mieux que ce colportage de ragot non avéré, non vérifié, appartenant à la sphère privée de Madame Noachovitch. Il devrait plutôt être content d'avoir eu à effacer cette note qui fait tâche.

    On pourra apprécier diversement les actions qui sont engagés par Nicolas Sarkozy ou Madame Noachovitch. Ils ont le droit de demander à ce que leurs propos privés le restent.

    En ce qui me concerne, je revendique aussi le droit de dire des bêtises, des propos déplacés, voire des horreurs au prochain dîner ches mes amis. J'attends d'eux qu'ils ne les rapportent pas ou qu'ils les retirent s'ils sont diffusés sur la place publique. Ce que je dis dans mon blog est public. Ce que je dis en privé doit le rester.

    La dérive liberticide n'est pas du côté de Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne le SMS, ni du côté de Madame Noachovitch pour l'affaire qui la concerne. Elle est bien du côté des flics de la pensée et de l'expression privée qui se permettent de colporter sans aucune mesure des ragots qui n'intéressent personne. Dans cette affaire, nul est le bon terme pour qualifier le match détestable entre la presse poubelle et cette note de caniveau.

  • Exercice de metablogging et Blogroll

    Le metablog est un blog qui parle des autres blogs.

    Honneur au maître du genre, Olivier Schmidt-Chevalier qui publie chaque jour sa revue de blogs. Un exercice qui n'est pas simple où l'auteur s'efface devant ceux qu'il cite. Chaque journée permet une découverte. Allez le voir pour le découvrir, lui.

    Ma blogroll était bien pauvre, et ne reflétait pas vraiment ceux que je lis. Je l'ai donc mis à jour, et mon exercice de metablogging sera de parler de certains d'entre eux.

    J'aime les blogs qui traitent de l'Internet en dépassant les simples caractéristiques techniques et nous font réfléchir aux impacts sur nos vies personnelles et professionnelles. Adscriptor de Jean-Marie Leray, Francis Pisani bien sûr, et Affordance sont parmi ceux que je lis tous les jours. Gueule de Loup a su trouver son style dans ce genre assez encombré. Chez les américains, il m'arrive souvent de citer Nicholas Carr, le grand démystificateur.

    Xavier de Mazenod anime une communauté de télétravailleurs en Normandie. Il donne aussi des formations d'écriture sur le Web. En voyant son blog, on comprend pourquoi, on se demande comment faire, on prend des leçons, on progresse un peu.

    Du côté des blogs littéraires, si Cioran ou Jonathan Swift avait eu un blog ( quel régal !! ) ils seraient dans ma liste avec Eric Chevillard, l'autofictif : Aphorismes, humour noir, et cadavres exquis, pour un numéro par jour.

    On s'instruit chez mon ami Nicolas de Rauglaudre, et l'on suit la vie des idées sur le site du même nom.

    Terminons cette petite revue par deux blogs qui me tiennent particulièrement à coeur. Faisons le tour du monde avec Christine sur les 5 continents et les 5 sens selon Christian

    Le dernier billet de Paysan heureux est un chef d'oeuvre d'humour et de délicatesse. Je ne sais plus quand j'ai lu un bloggeur célèbre, auquel je ne ferai pas l'honneur d'un lien, qui pérorait à propos de l'agriculture. Du haut de son bloguimat, ce petit marquis épandait sa suffisance en parlant des bouseux. Paysan heureux raconte son quotidien sans narcissisme et beaucoup de fraîcheur. On y parle de fumier aussi, et même de lisier. Dommage qu'il habite en Bourgogne, ce qui fait un peu loin pour épandre ce lisier sur le blog du marquis en question.

    a5a69fd384fac34641c0cbfdbaf071a7.jpg

     

  • Blogosphère et Blogalaxie

    La blogosphère est une bulle aux bords argentés qui font miroir. A l'intérieur, on tourne en rond, on s'admire, on rebondit de part en part sans jamais en sortir. Dans la blogosphère il y a d'autres petites sphères. Ce sont de petites billes qui s'entrechoquent en faisant "tics, tics, et tics". 3f03dd9cbf99eab18f22a8a05f10cbfb.jpgLa blogosphère est un aquarium dans lequel rien ne rentre et d'où rien ne sort. Au dessus de l'eau volent des essaims d'insectes qui font bzz, bzz, bzz. Mais ce ne sont pas de vrais insectes, alors ils font buzzzzz. Dans l'eau il  y a des bancs de poissons qui vont et viennent, changent de direction d'un seul coup, sans qu'on sache pourquoi, tous ensemble, comme dans les films de Cousteau. Comme ne sont pas de vrais poissons, leurs bulles ne font pas glouglou. Leurs bulles font Gooooogle, Gooooogle. Il y a des petits poissons et de grands requins prédateurs. Les gros requins avalent tout, les petits poissons et les insectes qui volent au dessus en faisant buzzzzz. Et quand ils digèrent ils rotent avec des bruits de Gooooogle, Gooooogle.

    Quand on est enfermé dans la blogosphère, c'est difficile de s'en échapper. Il faut quitter l'essaim et arrêter de faire buzzzzz. Dehors est l'univers infini de la blogalaxie. C'est un univers en expansion continue avec plein d'objets célestes différents. Il y a des pulsars qui émettent chacun à leur propre fréquence, plus ou moins vite, plus ou moins fort. Chacun son rythme et chacun fait ce qu'il veut dans la blogalaxie. Parfois certains s'éteignent et n'émettent plus rien. Mais d'autres naissent et remplacent les astres fatigués. Il y a plein d'objets célestes divers dans la blogalaxie, avec des noms étranges dont aucun n'est pareil. On ne sait pas ce que deviendra la blogalaxie. Après le big bang initial, ce sera peut-être l'expansion continue ou bien le big crunch

    Car l'avenir de la blogalaxie n'est pas écrit et dépend de chacun de ses astres. Mais elle est déjà trop grande pour les gros requins qui font Gooooogle, Gooooogle

    Soyons résolument blogalactique. 

  • 2èmes recontres nationales du blog d'expression local

    L'association zevillage :http://zevillage.org/  organise les 2èmes rencontres du blog d'expression locale. Ca se passe à Alençon dans ma région d'origine, où Zevillage regroupe une communauté de télétravailleurs. 

    Bien que n'étant pas installé physiquement en Normandie, j'y garde des attaches fortes et fait donc aussi partie de cette association.

    Le blog est particulièrement bien adapté à l'expression locale. C'est peut-être même le seul media possible pour elle,  tout comme pour les blogs, un sujet qui les démarque de manière originale. Le sujet en tous cas m'intéresse. Je serai donc à Alençon le 7 décembre pour cet événement.  Merci à Xavier qui organise cette rencontre et m'envoie cette invitation que je relaie ici

     

    0b9340aff20f0f4ecc01607e42eea3dd.png

     

    Les 2e Rencontres Nationales du Blog d’Expression locale se tiendront le 7 décembre 2007, à Alençon, en Normandie.

     

    Pour la seconde année consécutive, ces rencontres proposent aux spécialistes de la blogosphères comme aux néophytes un après-midi d’échanges sur des thèmes variés : blogs, podcasts, législation internet, multimédia, syndication RSS, rédactionnel, etc. Ces ateliers libres (avec inscription préalable) auront lieu de 14 h à 18 h.

     

    Un grand concours national ouvert aux bloggeurs néophytes ou confirmés est également organisé autour de 5 catégories : vie locale, culture, économie locale (pour les professionnels), social et santé, et tourisme.  Le vote des internautes, associé à celui du jury composé de 9 personnalités reconnues de la blogosphère élira parmi l’ensemble des inscrits le meilleur blog par catégorie. La remise des prix aura lieu à 19 h 30, à la suite de la conférence débat qui débutera à 18 h.

    Ces rencontres auront lieu dans le cadre prestigieux de la Halle au Blé d’Alençon, bâtiment emblématique de la ville dorénavant dédié aux technologies numériques.

    http://www.expression-locale.org

    Vous êtes cordialement invités à participer ces rencontres et à inscrire votre blog au concours.
  • Web 2.0 : L'important c'est de participer

         Andrew Keen l'auteur de  "The Cult of the Amateur" est un malin. Il attaque de front le Web 2.0 en vantant les mérites de la presse traditionnelle. Bien joué, la blogosphère se défend et les médias papiers lui tirent le tapis rouge.

        Francis Pisani comme Xavier de Mazenod lui répondent de manière un peu plus sérieuse et argumentée que les diatribes caricaturales que l'on peut lire dans cette interview à Libération (pointée par Xavier).

        Dans ce type de débat, je m'étonne toujours que l'on analyse le phénomène Web 2.0, Blogs et consorts, de la même manière que les médias traditionnels : c'est à dire du côté de l'aval, de qu'on peut y trouver en tant que lecteur, auditeur, spectateur. La nouveauté du Web 2.0 est évidemment du côté des créateurs et non des consommateurs. C'est même ce qui en fait sa caractéristique. Dans le read/write Web, c'est le write qui est intéressant et nouveau. Le read n'est  pas nouveau (depuis Gutemberg à peu près) et il peut être décevant. Quoi de neuf dans cette constatation ?

        L'écriture sur le Web, c'est de l'écrit traditionnel, du texte. C'est aussi de l'image, du son et tout ce que l'on pourra imaginer dans le futur en terme d'expression. Dans ce sens là, quand j'écris sur le Web, je passe forcément par une passe de lecture sur ce même Web et sur toute autre source de mon choix. Comme je lis dans le but de créer quelque chose, ma lecture n'est plus passive et inattentive, mais au contraire guidée par mon projet créatif. Quelle que soit la qualité finale de ce projet, quel que soit l'intérêt de mon billet sur mon blog, j'aurais de toutes façons, moi l'auteur, appris quelque chose au passage et souvent progressé dans mon moyen d'expression. Tout l'intérêt est donc dans cette phase de création et non dans le résultat final où il sera facile de trouver beaucoup de médiocrité, mais pas uniquement.

        En critiquant l'objet, Andrew Keen passe à côté du sujet. Car c'est ce processus de création, démultiplié par le nombre des acteurs, qui fait que chacun d'entre eux y a trouvé un moyen d'épanouissement et de progression. Dans ce cas, si la création est primordiale et le résultat secondaire, pourquoi le Web et pourquoi publier cette création, si l'objet en lui-même n'est pas le plus intéressant ?

        Quelques créateurs ont toujours eu suffisamment confiance dans leur talent, voire leur génie, pour se passer de public identifiable. De Saint-Simon à Lautréamont,  nombreux sont les écrivains qui, volontairement ou non, n'ont pas trouvé de public de leur vivant et qui bâtirent leur oeuvre sans en recevoir le moindre écho. Aucun obstacle ne peut arrêter de telles forces créatrices et aucune aide ne leur est nécessaire. On pourra trouver leurs contemporains sur le Web 2.0 ou ailleurs. Ce n'est pas leur problème et il n'est pas fait pour eux, même s'ils peuvent s'y trouver aussi.

        Comme le dit la phrase célèbre, "le blog engage des conversations". Si cette conversation n'a pas toujours lieu dans la pratique, elle est toujours présente dans l'intention. Nous, les amateurs, tels que les dénigrent Andrew Keen, avons besoin de cet aiguillon de la conversation et de la critique pour faire l'effort de construire un texte, ou toute autre forme d'expression. Je peux écrire un blog pour moi tout seul, en forme de journal, tel qu'il s'en est tenu depuis des siècles. Il se trouve que je ne le faisais pas, que ça ne m'intéresse pas et que ça risque de tourner vers une introspection stérile et "narcissique". Quelle que soit l'étendue de mon public, de quelques dizaines à plusieurs milliers pour certains, ce public me tire vers un haut que je ne ferais pas l'effort d'atteindre sans lui. On discute de la dimension du haut et de sa qualité statique, quand tout l'intérêt est dans le mouvement. Comme par ailleurs, il n'y a plus de barrières techniques, financières, éditoriales à l'expression de chacun sur ce read/write Web, n'importe qui peut désormais atteindre un public souvent minuscule mais potentiellement innombrable.

        Si l'on ne veut pas participer en tant qu'acteur au Web 2.0, je ne comprends toujours pas ce qu'on peut y perdre en tant que lecteur. 727 romans pour cette rentrée littéraire, 54 de plus que l'année dernière. Comme quoi, l'édition traditionnelle n'a pas l'air de souffrir de l'arrivée d'autres moyens d'expression. Toujours dans cette interview à Libération il paraît que " L’éthique de l’amateur est si dominante que l’expertise, le talent et le savoir perdent du terrain". Il n'y a pas d'éthique de l'amateur dans le sens où il serait incompétent. Le talent et l'expertise se détectent très vite comme toujours. Ce qui est nouveau est en effet une éthique du désintéressement et de la gratuité. Certains hébergent de la publicité. C'est leur affaire, en tous cas ce n'est pas une nécessité économique comme pour les médias traditionnels. 

        Tout ça se résume en une discussion entre les tenants d'un système clos où ce qui s'ajoute d'un côté ne peut que se payer d'un autre. Andrew Keen c'est le Lavoisier du Web "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". En pire évidemment.

        J'ai du mal à voir les pertes, je vois beaucoup de gains et la transformation est continuelle. FInalement c'est  le Web 2.0 qui redonne une jeunesse à l'olympisme, "l'important c'est de participer"

  • Le revolver à 7 coups

     

    C'est Thibault qui m'envoie la balle sur 7 choses de moi que vous ignorez. Comme je n'ai jamais dit grand chose à ce propos, ça ne devrait pas être trop difficile.

    1. Pourquoi je n'ai rien écrit depuis 20 jours : Parce que j'ai vraiment trop de travail et puis des projets personnels à mener en ce moment
    2. Mais alors, tu abandonnes tes lecteurs !!!  Les statistisques n'ont jamais été aussi bonnes. Ce mois de juin sera mon meilleur mois de ce point de vue, sans que je n'écrive plus de deux billets. Est-ce bien fiable tout ça ? Comme dirait Audiard, ça me confirme que ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. Et donc, inversement
    3. C'est quoi tes projets ? Si ça débouche, vous en saurez plus au mois de juillet. Et même si ça ne débouche pas
    4. Après 11 ans d'agriculture, ce n'était pas trop dur de changer de métier ? Sur ces 11 ans, j'ai eu des vaches laitières pendant plus de 4 ans. Sans doute plus de 1400 traites matin et soir sans aucun congé ni aucune aide. Et les vêlages au milieu de la nuit, et les réparations de moissonneuse-batteuse à 3h du matin. Non ce n'est pas si dur
    5. Qu'est ce qui te fait bouger dans la vie ? "N'étant jamais définitivement modelé, l'homme est receleur de son contraire" (René Char). Nous pouvons, et d'ailleurs, nous devons nous modeler, mais surement pas nous figer
    6. Qui admires-tu ? Kant pour la réflexion, de Gaulle pour l'action. Mais au dessus de tout ça des gens comme Jean-Claude Brialy pour leur générosité, leur discrétion, leur grâce et leur charme
    7. Une dernière révélation ? Ben, j'ai 52 ans. Ca fait plusieurs mois que je me reproche cette coquetterie particulièrement idiote de ne pas dire simplement mon âge. De peur de quoi d'ailleurs ? Voilà qui est fait. 
  • Les blogs de ministre

     

    Il y a, ou peut-être il y avait, les blogs de François Fillon, d'Alain Juppé, de Xavier Darcos. D'autres encore, puisque presque tous les nouveaux ministres ont, avaient, leur blog. Que vont-ils en faire ? Xavier Darcos annonce l'arrêt du sien.

    [..] J'ai aujourd'hui l'honneur de participer au Gouvernement. Il ne s'agit plus de commenter mais d'agir, pour mener à bien les projets de réforme voulus par le Président de la République.
    Donc, pour quelque temps : adieu. Je vous dis merci de votre fidélité. [..]

    Les autres restent en friche, ou se transforment en simple site de communiqués et discours officiels. Avant que Xavier Darcos ne devienne ministre, j'avais voulu lui écrire pour lui demander son avis sur ce sujet. Mais les commentaires sont désactivés, et l'adresse E-mail ne fonctionne pas. Dommage, voici ce courriel :

     

                 Bonjour Monsieur Darcos,


    Il semble que vous ayez bloqué les commentaires sur votre blog. C'est sans doute dommage même si je peux comprendre qu'un personnage public comme vous soit exposé à toutes sortes de réactions dont beaucoup ne seraient que du pur piratage.


    Je voulais juste vous poser une question personnelle. Beaucoup d'hommes politiques, de députés, de maires, tiennent un blog. Il semblerait qu'une fois arrivé aux responsabilités les plus importantes, au gouvernement en particulier, il ne soit plus possible de le faire. Pensez-vous possible d'utiliser ce moyen de communication lorsque l'on est au gouvernement ? Il s'agirait bien entendu d'une expression personnelle du ministre, et pas seulement de son emploi du temps et de la référence aux différents discours prononcés à droite et à gauche. Autrement dit, utiliser le blog comme moyen d'expression personnelle. Cela permettrait, je pense, de compléter la communication actuelle par médias interposés, où il faut s'exprimer en 30 secondes sans aucune possibilité d'exprimer un peu de nuances.


        La rumeur vous rend ministrable. Je ne vous demande pas de le confirmer ou non. Mais si jamais vous le deveniez, que feriez vous de votre blog dont j'apprécie régulièrement la liberté ?
        Cordialement,

    Xavier Darcos a répondu de lui-même à cette question : "Il ne s'agit plus de commenter mais d'agir" . Il doit pourtant bien savoir que communiquer est aussi une action. Dans son secteur de l'Education Nationale, il aura surement besoin un jour de vouloir parler directement aux élèves, aux professeurs, aux parents d'élèves. Il arrive bien qu'un ministre écrive des tribunes ou s'exprime dans la presse. Le ton un peu plus détendu et sans contrainte éditoriale des blogs leur donne un moyen complémentaire. Pourquoi l'abandonner ?

  • Coup de chapeau à Loïc Le Meur

    Il organise la conférence Web3 avec la participation de 36 nationalités. Beaucoup de grands acteurs Internet seront présents. Voilà un beau succès qui fera de Paris la capitale de l'Internet pendant ces 48 heures. Ca n'arrive pas si souvent que l'on associe la France avec les technologies de demain, et l'on ne peut que remercier Loïc Le Meur de faire profiter Paris de l'étendue de son carnet d'adresses.

    Lisez son interview sur 01net :

    "L'idée, avec le Web 3, c'est de faire pendant 48 heures de Paris la capitale européenne de l'Internet, avec tout ce qui peut en découler. En matière d'investissement, je pense par exemple à quelqu'un comme Benjamin Bejbaum, le créateur de Dailymotion, qui était présent à la première édition il y a deux ans et qui y a trouvé les relais nécessaires au développement de son projet. Cette année, nous aurons 1 000 participants en provenance de 36 pays avec un public d'entrepreneurs du Web, d'investisseurs et/ou de blogueurs."

    On sait que son succès en agace beaucoup. Tant pis pour les grincheux ! En ce qui me concerne, je n'ai jamais rencontré Loïc Le Meur, et je ne me suis pas inscrit à cette conférence. Je souhaite pourtant que cette conférence soit un vrai succès et débouche sur des initiatives nouvelles, dont certaines pourraient voir le jour en France. Ca nous ferait pas de mal.

    Bravo donc pour cette conférence et coup de chapeau à Loïc Le Meur !

  • Blogs et Wikis: La CIA aussi!

    Une étrange rencontre

    En me promenant sur le blog de Francis Pisani, je tombe sur cette étrange nouvelle. La CIA s'intéresse aux technologies de partage de l'information. Quelques stars américaines du Web2.0 ont fait le déplacement. Voici un compte-rendu par un des participants. Ces personnalités du Web n'hésitent pas à rencontrer et à partager des idées avec des analystes de la CIA. Comme le dit l'un d'entre eux (Jay Cross) « Support the Agency. You don’t have to like the people they report to »; ce qu'on pourrait traduire par « Aider la CIA, vous n'êtes pas obligés d'apprécier les personnes qui la commande ».


    Cette rencontre est en soi un petit événement. On n'imagine pas la même chose, ici en France. Quoi de commun entre cette culture de l'ouverture et un service secret? Vu d'ici, et sans doute de Californie, tout ce qui ressemble à un organisme gouvernemental, ou pire encore à une centrale de renseignement, ne peut rien avoir à partager avec des personnalités toutes issues de l'open source.

    En ce qui me concerne, c'est cette rencontre elle-même et les sujets traités qui m'intéressent. La CIA en tant que telle, et la question de la torture ne sont pas le sujet de cette publication.


    L'un des participants à cette rencontre, Eugene Kim explique bien comment les attentats du 11 septembre ont secoué les différentes agences de renseignement. Après un échec aussi catastrophique, il apparaissait vital de repenser leur fonctionnement à la lumière de ces événements et des nouvelles techniques terroristes. En parallèle, l'émergence des blogs et des wikis rend presque naturel l'intérêt de la CIA pour ce type d'outils. Après tout, la plupart des blogs, y compris celui-ci, ne sont que la compilation et de l'assemblage d'informations, avec un brin d'analyse personnelle. On peut également alimenter un wiki, spécialisé dans les questions du renseignement. A la CIA ils ont un wiki nommé Intellipedia. La CIA, dans ses activités de renseignement, n'est que du pur traitement de l'information. A partir de la presse, d'informations collectées par ses agents, de tout ce qui a été récupéré par ses moyens d'écoute, il s'agit de trier, analyser et si possible d'anticiper. Dans le monde de l'informatique, on appellerait cela de la veille technologique, et dans le monde du renseignement, de la veille tout court. A l'évidence, ces deux activités sont très proches sinon semblables. Il n'est donc pas étonnant qu'une agence comme la CIA s'intéresse à nos outils favoris.


    On blogue à la CIA

    Calvin Andrus est membre de la CIA. Dans cette étude publique, il décrit bien la nécessité pour l'ensemble de la communauté du renseignement de s'adapter et de se ré-inventer sans arrêt face à des menaces de moins en moins prédictibles. Sa démonstration pourrait être reprise mot à mot pour n'importe quelle organisation:

    • Les agents doivent être plus autonomes

    • Ils doivent être experts en échange d'information

    • Ils doivent échanger plus d'informations

    • Ils doivent être à l'écoute du monde extérieur

    • Ils doivent mieux connaître leurs objectifs globaux


    Afin d'atteindre ces objectifs, Calvin Andrus recommande une utilisation massive des blogs et Wikis. Son papier date de 2004. Il semblerait qu'il ait été entendu. Le Wiki Intellipedia existe, un certain nombre de blogs sont rédigés (y compris dans les couches dirigeantes). Cette rencontre de fin septembre 2006 montre que l'intérêt ne faiblit pas au sein de l'agence.


    Echanges et jeux de pouvoir

    Sans être un expert de ces questions, on imagine bien les différents problèmes que l'utilisation de ces outils peut amener.

    • Que peut-on échanger et avec qui?

    • Les résistances culturelles sont probablement encore plus fortes dans ce type d'administration


    Pour que les techniques d'échange d'informations atteignent tout leur potentiel, une certaine masse critique doit être atteinte. Différents points de vue et différentes cultures doivent pouvoir dialoguer. Les différentes agences de renseignement devraient donc faire partie d'une même communauté où l'on échangerait rapidement et sans contraintes ses propres informations. Par ailleurs, tout pouvoir politique a besoin de ses services de renseignement, tout en s'en méfiant. Les différents services ne sont jamais regroupés, et l'on tend à les mettre en concurrence et même en position de surveillance réciproque. Aucune autorité politique ne saurait tolérer d'être à la merci d'une seule agence de renseignement qui ne tarderait pas à disposer d'un pouvoir incontrôlable. Il y a là une contradiction de fond qui est encore plus exacerbée dans ce type d'activité que dans une entreprise ordinaire.


    Posséder des informations est une source de pouvoir personnel. Partager des informations est une voie vers des sociétés (ou des agences de renseignement) du savoir. On n'en saura sans doute pas beaucoup plus sur l'efficacité des outils Web2.0 au sein de la CIA. Le fait même qu'une entité si marquée par la culture du secret puisse s'y intéresser démontre en tous cas la puissance de ces concepts et des outils associés.

  • Du lien vers les skyblogs

    C'est entendu, la France est une terre de blogs. Dans les statistiques de mars ,  la moitié d'entre eux sont des skyblogs.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas grand chose à voir entre cette moitié de skyblogs et les autres. Sur Skyblog, des albums de photos personnelles et des commentaires en style SMS, par exemple, thevip95 ou celui d'Antoine692 .

    Ce n'est pas par hasard, que j'insère ici ces liens. La coupure entre les blogs "sérieux", "professionnels" et les skyblogs crève les yeux. Il n'y a justement pas de liens entre ces deux mondes. Ces deux là feront une petite exception.

    Le blog "sérieux"

    • n'est pas sur skyblog,

    • n'est pas sur MSN Spaces non plus, d'ailleurs,

    • doit contenir au moins 50 hyperliens par publication,

    • est écrit en bon français, avec un minimum raisonnable de fautes d'orthographe,

    • est une arme dans la compétition à la notoriété professionnelle et au bon pagerank,

    • reste professionnel, respecte la nétiquette,

    • diffuse un profil, et reste secret sur la vie privée.

     

    On retourne toute ces caractéristiques pour qualifier un skyblog,  Je ne parle pas des contenus de chacun, ils sont évidemment différents, mais ce n'est pas le plus important.

     

    Autant les blogs professionnels, n'arrêtent pas de créer du lien, parfois jusqu'à la caricature , autant les skyblogs ne rentrent pas dans ce jeu là. Il faudrait faire une étude plus exhaustive, mais faites un échantillon par vous-mêmes, vous ne trouverez pas d'hyperliens.

     

    Le skyblog ne cherche absolument pas à être visible, et se moque pas mal des outils de recherche. De toute façons, komen gougueul pouré 6rtrouvé.

     

    L'essence même du Web (2.0 ou non), le lien et le référencement, est absente. C'est autre chose, qu'il ne s'agit sûrement pas de dénigrer, mais compter et ajouter ces deux medias, dans un même tableau, paraît bien trompeur.

    En tous cas, on aurait  tort de se réjouir trop vite des 9 millions de blogs recensés en France. La moitié ne parle pas avec l'autre.... Comme avant les blogs, ou pire encore?