Il y avait 70 chefs d’état ou de gouvernement dit-on. Comme d’habitude, Trump s’est distingué par sa vulgarité. Au premier rang des dirigeants, Macron, Trump et Poutine. L’inévitable Merkel trône à côté de Macron. Plus loin, le roi du Maroc, le roi d’Espagne et le premier ministre canadien Trudeau. J’ai vainement cherché les représentants anglais et belges, nos alliés les plus éprouvés et les plus héroïques. Je ne connais pas les représentants serbes. Étaient-ils là, les anglais, les belges, les serbes ? J’ose l’espérer. Pourtant on ne les voit pas. Ont-ils été relégués au dernier rang ? Je n’ose le croire. Je ne vois personne dans la presse qui se demande où sont passés nos fidèles compagnons d’arme de 1914-1918.
Finalement si. Je vois qu’on s’interroge sur l’absence de la Grande Bretagne dans certains commentaires du Figaro. Mais, on continue d’oublier la Belgique.
J’enquête un peu plus et voilà ce que je découvre. Au mois d’août, Macron n’avait pas daigné se déplacer en Amiens, sa ville natale, pour accueillir le Premier ministre britannique et le Prince William, héritier du trône, qui venaient se recueillir sur les champs de bataille de la très sanglante bataille de la Somme. Ce qui fait que Theresa May a envoyé un simple membre de son cabinet à la cérémonie. Pour les Belges, je ne trouve rien. Il y avait bien le Grand Duc du Luxembourg mais pas le Roi des Belges, ou alors bien caché, dans un rang subalterne alors qu’on leur doit d’avoir suffisamment retardé l’offensive allemande pour nous permettre de mieux résister à l’offensive de 1914.
À ce propos, on aussi oublié l’Italie, le cocu de la première guerre mondiale qui s’est joint à notre alliance après des promesses qu’on lui fit et qui ne furent jamais tenues.
Donc, ce 11 novembre 2018, on ne célèbre pas notre victoire, on rappelle la fin des combats. On veut nous faire oublier qu’il y avait deux camps, un agresseur qui avait envahi le quart de notre territoire et un agressé qui défendait le sol de la patrie. Cent ans après, il n’y a plus que des «morts inutiles » comme je l’ai entendu dire par un commentateur. Il s’agit donc de célébrer la fin du massacre, à parts égales des deux côtés.
Il faut encore et toujours célébrer la nouvelle amitié franco-allemande et la réconciliation. On est tellement réconcilié qu’on se demande si l’on ne va pas s’excuser de les avoir arrêtés sur les rives de la Marne.