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  • Que connait-on de l'Univers ? 0,4%

    Lu, dans cet entretien  avecAndré Brahic dans Le Point

    "Il y a un siècle, on ne savait pas pourquoi les étoiles brillaient, on ignorait l'existence des galaxies et la nature des planètes. Aujourd'hui, je peux vous décrire de façon relativement fiable ce qui s'est passé au cours des 13,7derniers milliards d'années ! Mais, au moment même où l'observation de toutes les lumières nous a révélé une multitude d'astres nouveaux et un Univers beaucoup plus vaste que prévu, nous réalisons que beaucoup reste à faire. Einstein a montré que l'énergie est une forme condensée de matière. Eh bien, 73 % de tout ce qui existe dans l'Univers est sous forme d'une énergie noire dont nous ignorons la nature, 23 % est sous forme de matière noire de type inconnu et que nous ne pouvons pas voir. Les 4 % restants sont composés d'atomes et de molécules comme vous et moi, ou cette chaise. Et, en mobilisant tous nos instruments, nous sommes capables de « voir » un dixième de cette matière, soit 0,4 % du tout ! C'est un peu comme si on écrivait un roman policier dont on sait qu'on ne connaîtra jamais la fin de son vivant. Mais l'enquête progresse..."

     

    Le grand collisionneur de hadrons (LHC) va coûter plus de 6 milliards d'Euros. Peut-être lèvera-t-il  le voile sur cette énergie et cette matière noire. Vu l'énormité de ce qu'on ne sait pas et les moyens gigantesques à déployer pour combler notre ignorance, arrivera-t-on un jour où l'homme découragé et les gouvernements ruinés arrêteront la recherche fondamentale ? On dirait parfois que ce jour n'est pas loin et qui constituerait une rupture fondamentale dont je ne mesure pas bien les conséquences.

  • Actualités du sporno

          Ainsi donc l'Euro de Foot va se terminer. On aura eu droit aux mêmes pantalonnades et simulacres de blessures pour mieux tromper un arbitre qui n'a pas besoin de ça pour se tromper dans l'autre sens, et ne pas siffler des fautes que tout le monde peut voir sur l'écran de contrôle, sauf lui. Un règlement particulièrement débile l'empêche de vérifier un moment litigieux. La triche fait partie de la compétition sans qu'on ne s'en émeuve plus. On me dit qu'un joueur hollandais s'est vanté d'avoir arrêté un tir de Thierry Henry avec ses mains, comme un gardien de but. Il n'a bien sûr pas été sanctionné. On me dit que Franck Ribéry, lors d'un match de préparation, aurait enlevé son maillot pour exhiber un tee-shirt rendant hommage au commentateur Thierry Gilardi. Il a été sanctionné.

    Ce sporno s'étale sur vos écrans aux heures de grande écoute. Le championnat d'Europe se termine. On va enchaîner sur les JO de Pékin, et le débat va reprendre : Sarkozy doit-il aller à la cérémonie d'inauguration ?  Puisque tel est le débat. Je n'entends personne s'interroger sur le sens d'aller ou pas à l'inauguration d'un spectacle dont personne ne discute la participation à l'évènement lui-même.

    L'évènement, c'est quoi ? De jeunes gens dressés depuis leur plus jeune âge à la compétition, entourés d'une armée de spécialistes en tout genre, de l'entraîneur au psychologue sans oublier le pharmacien, bien sûr. Tout ça n'a rien à voir avec un idéal en carton pâte  qui continue d'être proclamé lors de cérémonies truquées. Il  s'agit d'un spectacle, d'un business et d'un outil de prestige pour les nations.  Rien de bien différent d'une exposition universelle où chaque pays expose fièrement dans son pavillon ses réalisations technologiques. Mais les expositions universelles n'intéressent plus personne alors que les compétitions sportifves passionnent les foules, les télés et les budgets publicitaires.

    Je ne suis pas là pour donner des leçons ou enjoindre qui que ce soit à regarder ou non le sporno. Chacun a bien le droit à ses moments de relâchement pour regarder un spectacle qui est souvent esthétiquement et émotionnellement très prenant. C'est comme la télé-réalité où on peut se laisser prendre si l'on oublie que tout est scénarisé et répété. Pour moi, le décalage horaire me permettra un boycott reposant.

    Y aller ou pas ? On ira bien sûr, et d'ailleurs personne n'envisage un boycott de la délégation française. Sarkozy sera-t-il à l'inauguration ? Il y sera bien sûr. Et ce n'est pas moi qui lui reprocherait. On a des relations diplomatiques avec la Chine. On se rend visite régulièrement et l'on fait du commerce. La non-venue de Sarkozy serait considérée comme un acte POLITIQUE hostile. Les Jeux Olympiques sont une exposition des meilleures techniques de formatage du corps humain pour un exercice physique extrême. Chaque pays expose son savoir-faire dans le cadre des relations diplomatiques et commerciales ordinaires. La France et son Président seront présents comme tous les autres.

    Pour aller plus loin :

    voir cet article du Figaro auquel j'emprunte ce terme de sporno,

    ou celui-ci du philosophe Jean-Luc Marion dans le même journal.

    et aussi cette vidéo chez Acqua Tofana qui montre l'entraînement le dressage des athlètes chinois

  • Journalistes et informaticiens, même combat ?

    Dans la lignée de mon précédent article , et faisant écho à la revue de blog d'Olivier, qui le rapproche d'un article d'Etienne Duval : La parole du journaliste, je me dis que la question de l'avenir du journalisme n'est pas si éloigné de débats quotidiens que nous avons à propos de mon métier d'informaticien.

    En informatique, des compétences partout

    Il s'agit là de la question de l'offshore, oursourcing ou infogérance qui consiste à délocaliser un certain nombre de tâches informatiques vers des pays à bas salaires. L'exemple de plus connu est celui de l'Inde avec ses centres de Bangalore ou maintenant de Mumbay (Bombay). Ca a commencé par des travaux de développement logiciel où la conception se fait en Occident et le codage, ennuyeux, coûteux en temps, et réputé de peu de valeur ajoutée, est sous traité en Inde. Ca continue par l'infogérance, où c'est la gestion des infrastructures (maintien en conditions opérationnelles des systèmes informatiques) qui est également confiée à des entreprises indiennes. La distance importe moins avec le développement et la vitesse accrue des réseaux.

    Comme pour le journalisme, on a tendance à mettre en exergue les loupés (il y en a), la moins bonne qualité de la prestation, et se rassurer en soulignant qu'il faut dix Indiens pour faire le travail d'un Français. On oublie un peu vite nos loupés (il y en a aussi) et le rapport qualité/prix qui n'est pas à notre avantage.

    Là aussi, on a du mal à admettre qu'une concurrence à bas prix finisse par effectuer un travail comparable au notre. Là aussi, on a tendance à dénigrer des amateurs qui ne pourront jamais offrir le même niveau de qualité.

    C'est un combat perdu d'avance, sur ce terrain là.

    En revanche, il y a des domaines où la proximité est indispensable, et c'est là le domaine où nous apportons une vraie valeur. Il est clair qu'une gestion de projet menée depuis Bangalore ne marchera pas. Le décalage horaire, la distance culturelle et la langue, qui reste une barrière quand on veut être précis, font que la proximité du client reste primordiale. Comme dans le reste de l'industrie, ce sont les tâches d'avant-vente, de vente et de gestion de projet qui seront de plus en plus notre coeur de métier. La réalisation technique sera confiée au plus offrant qui sera souvent à distance.

    L'expression publique ne sera plus jamais un monopole restreint

    Pour le journaliste professionnel, c'est le même type de réactions que l'on observe : Jamais ces blogueurs n'atteindront le niveau d'un journaliste de métier se dit-il pour se rassurer. Et ce sont ces jugements rapides sur Internet, propagateur de rumeurs, qui s'expriment à tort et à travers, sans aucune déontologie, alors que nous, journalistes, savons recouper nos sources et hiérarchiser l'information.

    Là aussi, ce n'est pas en dénigrant une concurrence à bas prix, et d'ailleurs gratuite, que l'on sauvera le journalisme, en tous cas ce journalisme là. L'accession à la parole publique est désormais possible pour tous. Il n'y aura plus jamais cette élite de quelques dizaines d'éditorialistes vedettes qui pensaient faire l'opinion. Et on lit tous les jours des inconnus dont l'expertise, l'acuité de jugement et le talent ne cèdent en rien au chroniqueur professionnel, alors que leur indépendance et leur liberté est le plus souvent bien mieux établie. Sur ce terrain là, le journaliste n'est plus qu'une  voix parmi d'autres, et sans aucun avantage du à  son statut plus ancien.

    L'investigation est le contraire de la vitesse

    Etienne Duval le dit parfaitement, c'est d'un journalisme d'investigation, qui sait prendre son temps pour déterrer la vérité, dont nous avons besoin. Sur ce terrain là, il est irremplaçable. C'est le journalisme d'Albert Londres, de Denis Robert, de Carl Bernstein et de Bob Woodward.

    C'est celui de Jacques Derogy qui juste avant sa mort  s’inquiétait de voir les journalistes se livrer "à une course abominable" alors que "l’investigation est précisément le contraire de la vitesse".

  • Journalisme et potins

    Prenez, dans le dernier numéro (2276) du Nouvel Observateur un premier article intitulé :

    Fonds privés, fortunes discrètes.

    On y apprend  qu'il n'y a pas qu'au CAC40 que l'on se goberge. Ainsi l'opération de reprise de Converteam, filiale d'Alstom, "avec 4 600 salariés, a été reprise pour une bouchée de pain, en novembre 2005 (120 millions d'euros), par les dirigeants et le fonds Barclays Private Equity. Deux ans et demi plus tard, la répartition du capital va changer. Mais, cette fois, la société est évaluée à 2 milliards d'euros. Le mécanisme d'intéressement va permettre au président Pierre Bastid et à une poignée de dirigeants de se partager 700 millions d'euros"

    Des faits, des chiffres, et une information : la goinfrerie se démocratise, si l'on peut dire, et s'étale jusqu'aux grosses PME.

     

    Dans ce même numéro, un autre article :

    Le dernier salon où l'on cause

    Dans l'avion présidentiel de retour de Beyrouth, tous les leaders politiques sont conviés dans la cabine présidentielle. Petites phrases et potins dont on ne connait pas la source : "Sarkozy lance, suscitant les rires : «On m'a longtemps présenté comme un simple tacticien et un piètre stratège. Où serais-je aujourd'hui si, en plus, j'étais un bon stratège ?» Fragilité du témoignage humain, et... difficulté de la reconstitution journalistique" : Petites conversations entre initiés du microcosme, reconstituées par un journaliste qui n'y était pas.

    "On parle redécoupage des circonscriptions (..) Sarkozy répond qu'une majorité redécoupe en fonction de ses intérêts. A ma place, vous auriez la même attitude, lance-t-il aux leaders de gauche" : Petits charcutages et cynisme étalé, degré zéro de la politique et du journalisme.

    Deux types de journalisme, celui qui informe et révèle, et Radio Moquette qui diffuse des propos de basse-cour.

  • Je repasse mon Bacc

    Sujet de Bacc philo : Peut-on désirer sans souffrir ?

    Je m'apprêtais à tenter l'exercice ; peut-être le présenterai-je bientôt au jury blogosphérique.

    Et puis la rêverie du bachelier solitaire me fit rappeler le seul vers de Corneille qu'on n'oublie jamais. Le désir en est le sujet du premier vers dont les trois suivants feront ma dissertation d'aujourd'hui.

    Et le désir s'accroît quand l'effet se recule
    Son mol instrument l'est tant qu'il est minuscule
    Se dresse rectiligne à percer les rondeurs
    Le court instant de sa véritable grandeur

     

  • Après le NON irlandais

        Après la France, ex grande puissance fatiguée, les Pays Bas, moyenne puissance prospère, c'est l'Irlande, ex petite puissance et nouveau tigre de l'Europe, qui n'en veut décidément pas.

    Une France en déclin craint de voir sa personnalité dissoute dans un ensemble européen où son importance se dilue au fur et à mesure de l'intégration de nouveaux pays.

    L'Irlande, au contraire, n'a rien à regretter d'un passé de colonie britannique, jalonné de massacres et de famines qui en font un exemple de colonisation parmi les plus atroces de l'histoire. Il suffit juste de rappeler les massacres de 1649, que certains qualifient de génocide, ou la grande famine de 1848.

    Le 10 mai 1972, ce sont 84,6% des Irlandais qui votaient Oui au référendum d'adhésion à l'Union Européenne. Le moins qu'on puisse dire, c'e'st que d'un point de vue strictement économique, ils n'ont pas eu à se plaindre de ce choix. Ils ont maintenant le PIB par habitant le plus élévé de l'Union, juste derrière le Luxembourg.

    Et pourtant ils votent Non ; et ce n'est pas la première fois.  En 2001 déjà ils votaient Non au Traité de Nice en pleine euphorie économique. Ils ratifiaient ce Traité de Nice lors d'un nouveau référendum en 2002. A voir sur Euractiv.com, l'historique des référendums irlandais concernant l'Europe.

    Ca commence à faire beaucoup de Nons :

    • Le Non du Danemark au Traité de Maastricht en juin 1992
    • Le Non du Danemark à l'Euro en septembre 2000
    • Le Non de l'Irlande au Traité de Nice en juin 2001
    • Le Non de la France au Traité constitutionnel en mai 2005
    • Le Non des Pays Bas au Traité constitutionnel juin 2005
    • Ce Non de l'Irlande au Traité de Lisbonne en juin 2008

    Seuls, deux pays ont voté Oui par voie référendaire : L'Espagne et le Luxembourg.

    A chaque fois, on a inventé des solutions de contournement du vote populaire. Le Danemark n'a pas adopté l'Euro, mais la couronne danoise est dépendante de l'Euro. On a refait voter l'Irlande pour le Traité de Nice. La France a finalement ratifié le Traité de Lisbonne par voie parlementaire, après avoir refusé le traité constitutionnel.

    J'ai pris partie, en son temps, pour le vote parlementaire du Traité de Lisbonne dont je pense encore aujourd'hui qu'il était le seul moyen de sortir l'Europe de son impasse. Car s'il y a beaucoup de Nons, il y a encore plus de Ouis. Le Traité de Lisbonne et sa ratification parlementaire représentaient un compromis entre le respect nécessaire des pays ayant déjà voté Oui et la possibilité donnée aux autres de prendre en compte certaines de leurs réticences. Le peu de différences entre les deux textes ne fait que refléter le rapport de forces et de population entre ceux ayant déjà approuvé le projet et les autres.

    Il est clair que l'on ne va pas recommencer l'opération pour l'Irlande, en attendant la décision des Anglais ou des Polonais qui pourraient remettre l'édifice à plat une fois encore.

    En réalité, il faut en terminer avec ce processus de ratification pour ceux des pays qui le souhaitent, conserver des statuts particuliers au sein de l'Europe pour ceux qui se sont arrêter à mi-chemin, et passer à l'étape suivante.

    C'est la nature de cette étape qui, à mon avis, a entraîné l'échec de la présente. Ce traité a d'abord été présenté comme Constitution, puis Traité constitutionnel, (qu'est ce que c'est ?), puis comme Traité tout court. En fait cela a toujours été un traité et jamais une constitution. Toujours un assemblage péniblement négocié de mesures techniques et jamais un texte définissant la nature, les valeurs, et l'organisation des pouvoirs au sein d'une Union aux contours définis.

    L'approche de Jean Monnet qui enserre les états par des accords techniques de plus en plus contraignants a eu pour effet de créer un ensemble de liens si forts qu'ils rendent quasi impossibles la reprise des conflits intra-européens. Cette méthode extrêmement pragmatique et bien peu exaltante a quand même réussi à créer un ensemble unique au monde et dans l'histoire des hommes. Jamais auparavant, des états souverains ne se sont associés de manière si étroite et pacifique sans être sous la domination ou l'invasion du plus fort d'entre eux. L'Europe n'est pas un empire né d'une conquête, c'est une union librement décidée, née de défaites et de retraits d'anciennes colonies. Il serait absolument tragique de s'arrêter là, ou pire encore de revenir en arrière.

    On dit du référendum que les électeurs ne répondent pas à la question posée. Dans un article tragique d'aveuglement, Alain Lamassoure le qualifie même de procédure la plus prisée des dictateurs. D'après lui et tous ceux qui s'opposent à cette procédure, les électeurs ne peuvent pas répondre à un texte bien trop compliqué ; ils répondent donc à d'autres questions.

    Si la France en déclin et l'Irlande en expansion votent Non, c'est sans doute que la question économique qui forme l'immense majorité du texte n'est pas leur premier souci, lorqu'il s'agit de l'Europe. Si la France puis l'Irlande ont répondu Non pour des raisons bien différentes, c'est qu'ils répondent aux questions qui les préoccupent et non à celles qu'on leur pose. C'est la nature de la question elle-même qu'il faudrait interroger qui, visiblement, n'est pas celle que les peuples attendent.

    Je demeure persuadé que la méthode Monnet a fait son temps, et qu'elle n'est plus adaptée à l'Europe, là où elle est arrivée aujourd'hui.

    Il est clair qu'il faut changer de perspectives et proposer aux peuples un texte qui dise ce qu'est l'Europe, quelles sont ses valeurs et son projet. Un texte qui pose des principes et une vision en laissant délibérément les questions techniques aux soins de ceux dont c'est le rôle d'en débattre, c'est à dire les parlements. Ca s'appelle une Constitution, une vraie cette fois, de même type que celle de la France ou des Etats-Unis. L'occasion a été manquée pour cette fois-ci, et les peuples qui ont eu l'occasion de s'exprimer directement n'ont pas manqué de le dire. On ne peut plus continuer à construire une Europe à base de quotas laitiers ou de niveau de décibels des tondeuses à gazon. Les peuples veulent s'exprimer sur l'essentiel, c'est à dire la nature, l'organisation et les valeurs de cette Union librement décidée.

    La Communauté Economique Européenne est morte en 1993 dans les textes. En réalité, l'Europe n'a jamais cessé d'être exclusivement économique. Pour marquer spectaculairement cette étape essentielle qui marquerait le début d'une Union politique et la fin de la Communauté Economique Européenne, seul un référendum européen, le même jour, pour tous les européens à la majorité simple du OUI ou du NON permettra de créer cette entité nouvelle que personnellement j'appelle de mes voeux.

  • A la cour du roi cramoisi

    Quand la musique n'a plus de support, ce n'est pas tant l'objet musical que l'on regrette. C''est surement plus encore ces couvertures que l'on a vu rétrécir avec le CD pour disparaitre tout à fait.

    Allez savoir pourquoi ce vieil air de KIng Crimson m'est revenu lors d'une dernière nuit blanche. C'est  l'image hallucinée de ce 21st Schizoid man qui sans doute a traversé mon cauchemar.

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    A la cour du roi cramoisi
    Monstres, nains, géants et sosies
    Paranoïaques et schizophrènes
    N'ont plus de lois qui les réfrènent

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    Sarabande d'objets bizarres
    Sont à la cour du roi lézard
    Où tanguent un vaisseau de cristal
    Un jongleur à masque et ses balles

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    Cinq pierres en exil à Villefranche
    Jouent sous l'empire de la blanche
    Des guitares qui grondent et roulent
    Avalent d'un billard trois boules

    Dans la cour de récréation
    S'échangent des disques à passion
    La musique et sa couverture
    Disparaitront dans le futur

     

  • Générateur de couvertures Sarkozy

        Ce fut un moment futile comme on les aime. Surtout au début, avant que tout le monde s'y mette et que ça devienne pesant. Vous vous souvenez des couvertures de Martine ? Comme celle-ci par exemple :

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    ou chez Xavier de Mazeond qui s'était laissé tenter par l'exercice.

    Le site a fermé pour des raisons obscures, alors qu'il générait une publicité gratuite et plutôt sympathique pour le personnage de Martine. Mais il paraît que le code source est toujours disponible (de toutes façons il ne doit pas être bien compliqué) et surtout l'idée ne peut pas être fermée, elle.

    C'est l'article de Marianne, assez drôle d'ailleurs, qui me donne l'idée que l'on pourrait faire renaître un générateur de couverture, mais pour Nicolas Sarkozy cette fois-ci.

    "Selon l'OJD, les 252 couvertures qui ont été consacrées à Sarkozy ont fait vendre 110 millions de magazines en 2007.(..)  600 000 exemplaires écoulés dont 200 000 en kiosque"  pour la première interview de Carla Bruni dans l'Express.

    Malgré sa baisse dans les sondages, Sarkozy fait toujours vendre. On s'interroge maintenant sur ses rapports avec les femmes, avec les psys. Mais on risque bientôt d'être à court d'idées.

    Marianne propose déjà une future couverture : Sarkozy et les macarons :

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    Il faut industrialiser tout ça, que tout le monde s'y mette dans un esprit très Web 2.0. Bref, il faut libérer le code du générateur Martine pour en faire un générateur de couverture Sarkozy, qui pourra déjà nous en révéler des facette encore inconnues, en commençant par ses six cerveaux qu'on vient de lui découvrir.

    Espérons pour Carla que tout ça ne finira pas par un "Sarkozy : Carla c'est fini. Martine mon nouvel amour"

  • Annulation de mariage à Lille : Tout le monde est à sa place (ou presque)

    Dans cette affaire de l'annulation de mariage à Lille, il y a plusieurs parties prenantes :

    • Le tribunal de grande instance de Lille
    • Le pouvoir politique
    • Les mariés

    Le juge du tribunal d'instance prend en compte la demande des mariés qui considèrent l'un comme l'autre que la virginité de l'épouse est une qualité essentielle dont la dissimulation constitue pour les deux parties une rupture du contrat de mariage.

    Dans ces conditions, on peut s'étonner que la future épouse ait consenti à un mariage dont elle connaissait l'invalidité par rapport aux valeurs essentielles partagées par le couple. Pourquoi, en effet, se marier, si elle savait que son futur mari ne pourrait accepter le fait qu'elle ne soit plus vierge. Dans ce cas, il aurait été tellement plus simple de ne pas dire "oui". Mais ceci n'est que commentaire et opinion dont je conçois qu'un juge n'ait pas à tenir compte pour se baser sur des faits, et sur une demande qui semble correspondre à la demande commune des deux époux. En tant que juge, je ne vois pas ce qu'il pouvait faire d'autre que d'aquiescer à cette demande. Par rapport au texte de Loi, il n'a pas à prendre partie sur le fait que la virginité soit, ou non, une qualité essentielle de la future épouse. Il ne fait que prendre en compte le fait que ce mensonge de la future épouse était reconnu par les deux parties comme quelque chose, important pour les deux, et qui donc vaut annulation.

    Voilà l'argument juridique défendu par son représentant le plus célèbre (eolas). Tout repose sur le fait que les deux époux soient d'accord pour annuler ce mariage du fait de la non-virginité de l'épouse seule. Ce sont les faits, et on peut comprendre qu'un juge n'ait pas à faire des hypothèses non étayées. Ce juge entend que les deux parties sont d'accord pour considérer la virginité de l'épouse comme une caractéristique essentielle de la validité du mariage. On peut comprendre qu'il n'ait pas à prendre partie sur cette croyance privée, et qu'il acquiesce à une demande qui les satisfait tous les deux. En tous cas, c'est ce qu'ils affirment.

    En considérant que la virginité n'est pas importante, le juge prendrait partie, dans un débat de société, par rapport à une très vieille tradition, commune aux religions chrétiennes et musulmanes, dont il ne peut ignorer le poids.

     

    En tant que pouvoir politique qui fait les Lois, ses représentants et nous-mêmes qui les choisissons, ne peuvent pas être aussi littérals par rapport au texte de Loi. Il apparaît en effet très probable que ce jugement correspond plus au souhait de l'homme qu'à celui de l'épouse. Celle-ci, en effet, y a sans doute trouver un moyen d'échapper à un mariage auquel elle a consenti tout en sachant fort bien qu'il ne pouvait satisfaire son mari. Si elle y a consenti, pour accepter plus tard d'y renoncer alors qu'il aurait été plus simple de le refuser à l'avance, on peut penser que cette première acceptation n'était pas complètement libre.

    Par ailleurs, si le juge peut entendre le fait que la virginité soit une qualité essentielle de la future épouse, puisqu'elle est revendiquée comme telle par les deux, il appartient aux représentants de la société de se prononcer sur cette valeur. C'est leur liberté dira-t-on. C'est surtout la liberté de l'homme d'exiger que la femme renonce à sa liberté sexuelle. Comme le dit Catherine Kintzler :

    "Lorsqu'un monsieur demande une vierge, il réclame une femme qui n'aura pas usé de cette liberté. Il s'en trouve, et ne pas user d'une liberté, c'est aussi une liberté : mais c'est le droit de la femme de ne pas en user, son droit à elle. Lui, quand il exige cela, il dit qu'il ne veut pas de cette liberté pour les femmes. Il exige donc pour les femmes la privation d'un droit fondamental"

    En théorie, la virginité est demandé aux deux futurs époux. C'est en tous cas la tradition chrétienne. Dans la pratique, elle n'est éventuellement vérifiable que chez la femme. L'inégalité de traitement et de condition est patent. Par rapport à une très vieille tradition qui ne fait plus partie de nos valeurs, le pouvoir politique a donc raison d'intervenir dans une affaire qui n'est surement pas "strictement privée". Cette affaire décidera si oui ou non la viriginité de la femme est reconnue comme une valeur essentielle pouvant valider le mariage. Et le mariage n'est évidemment pas qu'une affaire privée. Le législateur est toujours intervenu dans le domaine de cette cellule de base de la société, qu'elle soit maritale ou de la même famille d'association (PACS).

     

    Tout va pour le mieux dans cette affaire. Le juge ne sort pas de son rôle en prenant acte de la demande commune des époux. Le pouvoir politique intervient et fait appel d'une décision qui menace gravement l'égalité de condition de l'homme et de la femme. Et les époux, l'époux en tous cas, que demande-t-il ?

    Il demande à la société civile de prendre partie par rapport à des valeurs strictement privées. Il lui demande de valider le fait qu'un mensonge sur la virginité, et donc que la virginité elle-même soit considérée comme une condition sine qua non de son mariage. Il demande donc à ce que ses convictions privées soient validées par la Loi. Comme l'écrit Alain-Gérard Slama dans le Figaro :

    "Il témoigne que la raison juridique, dont le propre est de résister à toutes les formes d'arbitraire, se laisse de plus en plus envahir par les passions et les caprices des intérêts particuliers, voire de l'obscurantisme. De la même façon que la mauvaise monnaie chasse la bonne, le droit, investi par les revendications de droits, tend à devenir un levier au service de groupes et lobbies, religieux, ethniques, sexistes, qui cachent, derrière le chantage au déni de droit, à la discrimination et au racisme, la poursuite d'un statut qui les dispense de respecter les codes, qui les excepte de la loi générale."

    C'est bien là, en effet, le coeur du débat. Si la virginité constitue une condition essentielle du mariage, c'est l'affaire de chacun, et de ses convictions religieuses. C'est donc une affaire strictement privée sur laquelle les instances judiciaires n'auraient pas du avoir à se prononcer. En portant l'affaire au tribunal, les époux exercent un chantage auprès de ses représentants pour qu'ils prennent partie dans un débat qui les dépassent. Il est heureux que ce jugement soit discuté sur la place publique et que la pression de l'opinion ait libéré le juge d'une responsabilité qui ne pouvait être la sienne, qui est maintenant celle du pouvoir politique, de nous-mêmes, pour renvoyer la virginité dans la sphère des convictions et des comportements privés.